Maléfique
2014
Robert Stromberg
Après le désastre du Monde fantastique d’Oz, Disney semblait avoir rectifié le tir avec son nouveau conte, délaissant l’univers gnangnan classique pour se plonger sur la cas de Maléfique, la terrible sorcière de La Belle au bois dormant sorti il y a 55 ans. Des critiques élogieuses, une place extraordinaire dans le box-office mondial (actuellement second de l’année avec 757 M$ au compteur) : de quoi sérieusement s’enthousiasmer. Pourtant, le film est en partie une déception de part plusieurs choix scénaristiques et artistiques malheureux.
On le sait tous : l’histoire originale consistait à suivre le combat du prince Philippe pour atteindre la tour du château où la méchante Maléfique (Angelina Jolie) retenait le corps endormi de la princesse Aurore (Elle Fanning), plongée dans un sommeil éternel dont seul un baiser pourra sauver. L’idée est ici de nous faire découvrir les origines de cette emblématique figure du mal, autrefois resplendissante fée ailée, protectrice du royaume magique de la Lande, qui fut trahie par celui qu’elle croyait être son aimé, le cupide roi Stéphane (Sharlto Copley, encore et toujours dans un rôle d’enfoiré).
Ah la la, quel gâchis ! On est pas passé loin d’un très grand film, des pistes excellentes ont été données, mais jamais pleinement exploitées, et plein de choses imparfaites viennent modérer nos ardeurs. Fait exprès ou non, l’aspect visuel du film est raté. Bien sûr, le design de Maléfique jeune est incroyable, de même que certaines scènes de vol, mais tout le reste sonne atrocement faux, dans les mêmes propensions que Oz : des couleurs largement trop flashy, des monstres qui puent les effets spéciaux bâclés, et l’aspect global est carrément cartoonesque. Mais le pire reste à venir. Alors que Maléfique est d’une beauté enivrante, que ces cornes et ses ailes lui octroient un charme fou et que comme son visiteur, on tombe amoureux, le scénario, pour tenter d’expliquer la malédiction jetée plus tard sur Aurore, va faire en sorte que ce dernier lui préfère l’argent et le pouvoir, chose irréaliste et incohérente. La méchanceté n’est jamais vraiment par la suite, ça n’est qu’une pauvre femme blessée victime d’injustice, et qui au final ne se venge pas. Elle se veut comme une mère pour Aurore, et cette logique connait quelques ratés en cours de route, tout cela pour recoller avec l’histoire de base, sentie comme un boulet qu’on traîne péniblement. Donc malgré des idées brillantes autour du personnage de Maléfique, l’histoire et les autres personnages, de même que le poids de l’adaptation, viennent alourdir et affaiblir le film.
Autre énorme gâchis du film : la princesse Aurore. Si on oubli, et il le faut de toute urgence, l’insupportable trio de fées servant de tutrices, son développement est une série de sans-fautes. Elle s’ouvre au monde avec une pertinence et une innocence magnifique, nous faisant presque verser une larme quand elle attrape affectueusement la main de maléfique, reconnaissant en elle l’être d’amour qu’elle est. Elle noue une relation extraordinaire avec le corbeau (Sam Riley) avec ce naturel à vous faire le cœur quand elle joue avec lui, son ange gardien, et lui faisant tourner la tête en lui rendant sa bienveillance. On sent en la petite phrase « comme tu es beau mon corbeau » l’étincelle d’un futur amour, qui viendrai encore une fois presque nous mettre la larme à l’œil quand ses yeux se posent sur sa forme humaine des années plus tard, quand leur différence d’âge devient presque acceptable, donnant une leçon de maître à toutes les précédentes tentatives de justification d’un amour de ce type (cf Jacob et Renesmée dans Twilight 5). Mais patatras : ça ne sera pas le cas, et l’amour est décidément bien loin dans ce film, même si cela permet une alternative au réveil qui – dans des conditions optimales et sans tous ces choix désastreux – aurait été bouleversante. Tout simplement rageant de voir une si grande partie de ce potentiel émotionnel noyé. Bien sûr, le film reste une grosse production divertissante, et Angelina Jolie resplendi dans son rôle plus profond que l’on pouvait espérer, mais malgré tous ses efforts le film n’a pas réussi à dépasser son statut de conte pour enfant, et c’est terriblement dommage.
Moi je trouve que ce film était très loin du conte pour enfant !
Belle performance en tout cas de Gérald Laroche et Philippe Laudenbach.
Un excellent film que je recommande chaudement.
Par contre, je ne connaissais pas cette affiche. C’est étonnant, elle n’a rien à voir avec le film…
Effectivement, je me rappelle de ce film horrible où Clovis Cornillac victimisait tous ces partenaires de cellule. Ça m’avait marqué cette fin de psychopathe où ils se réincarnent tous dans le jouet de la petite fille. C’est un grand malade celui qui a pondu le livre !