Divergente 2 : l’insurrection
2015
Robert Schwentke
Un choc, une véritable claque. Alors que les adaptations de roman de jeunesse se multiplient et se ressemblent, avec bien souvent une piètre qualité à la clef, l’un d’eux a fait sensation l’an dernier : Divergente. L’engouement ne fut pas aussi colossal qu’un Hunger Games, mais les quelques 289 M$ mondiaux récoltés permirent de donner le feux vert aux suites, dont voici la première.
Se déroulant dans un monde utopique post-apocalyptique, on y trouvait une organisation excitante sous forme de factions (cinq : les fraternels, sincères, érudits, audacieux et altruistes), permettant à chacun de trouver sa place dans la société, avec tout de même un certain libre arbitre (donc encore plus pertinent que l’excellent The Giver, même si ce dernier compensait avec une force de poésie extraordinaire et une approche totalement différente – en fait j’aurait même tendance à le trouver meilleur compte tenu de cette suite). Mais ce fameux libre arbitre que le gouvernement espérait illusoire commençait à devenir problématique avec l’apparition de divergents, au point de vouloir lancer une campagne d’extermination contre eux, de même que les Altruistes au passage, contraires aux valeurs défendues par les érudits, en quête de pouvoir.
On reprend donc l’histoire après la tentative de coup d’état de Jeanine Matthews (Kate Winslet), déjouée par Trice (Shailene Woodley) et Quatre (Theo James), devenus des fugitifs traqués par les érudits, désormais en situation de loi martiale et s’étant octroyé les pleins pouvoirs. Un climat de tension donc, rendant le rassemblant des fugitifs, des sans-factions et des sympathisants plus difficile, l’objectif étant de lever une armée pour renverser les érudits. Ces derniers, sentant la fin de leur civilisation proche, essayent d’ouvrir un artefact protocolaire prévu à cet effet, mais il nécessite la collaboration d’un divergent capable d’atteindre la perfection dans chacune des factions.
Qu’est-ce qui a fait de Divergente une si belle pépite ? Si déjà le casting était formidable avec de belles surprises (on retrouve d’ailleurs Jai Courtney, Ansel Elgort, Ray Stevenson, Miles Teller, Zoë Kravitz et Maggie Q, avec en prime l’arrivée de Naomi Watts), les deux principales qualités du film furent l’originalité de son histoire, avec une initiation absolument géniale, et la force de sa réalisation, enchaînant les panoramiques à couper le souffle et les jeux de lumières magnifiques. Ces deux derniers points sont malheureusement absents de cette suite, l’initiation étant terminée et le réalisateur du premier film ayant laissé sa place à un incapable dont la dernière bouse en date est l’hideux R.I.P.D. (bon, il a aussi fait l’excellent Hors du temps, mais ça ne fut clairement pas la réalisation qui fut responsable de son succès). Côté histoire, on aura à la place une chasse à l’homme qui fait bien pâle figure face au pénultième Harry Potter, et dont l’aspect « révolte » fait presque autant pitié que le troisième Hunger Games, avec beaucoup de blabla et très peu d’action. Rien d’aussi intense que la capture de drapeau et rien d’aussi immersif que la tyrolienne du le premier film. Quant à la réalisation, elle est passe-partout, et aucun plan ne convaincra vraiment, d’autant que, est-il nécessaire de le préciser, la 3D est encore une fois d’une inutilité absolue. Seule la seconde moitié du film nous réveille un peu, mais aucune des révélations de cette suite ne surprendra, et au final tout ce qui est dit ne sert à rien, ne faisant que nous remettre sur la vraie voie : l’ailleurs. Tout reste encore possible et le potentiel de la saga est entier, mais cette première suite s’est tout simplement trompée d’histoire, rallongeant simplement la fin du dernier en compliquant la mise à mort du système. Une première moitié inutile, une seconde poussive, pour au final mettre en image ce qu’on savait déjà. Une bien cruelle déception…