Ex Machina

Ex Machina
2015
Alex Garland

Petite production anglaise d’un réalisateur qui faisait ses débuts, le film avait alors connu à domicile un succès modeste, voir décevant malgré d’exceptionnelles critiques, saluant l’une des réflexions sur l’intelligence artificielle les plus poussées de l’histoire du cinéma. Le film est ensuite sorti aux Etats-Unis dans une poignée de salles, avec à le clef une performance incroyable, aboutissant dès la troisième semaine à une sortie nationale surprise, et contre toutes attentes le film a cartonné et est désormais pleinement rentabilisé (35 M$ pour un budget trois fois moindre).

Programmeur dans la société Bluebook, le moteur de recherche numéro un mondial, Caleb (Domhnall Gleeson) fut choisit au tirage au sort pour participer à un test mystérieux organisé par Nathan (Oscar Isaac), président de la société. À l’abris des regards, dans un bunker secret perdu au milieu de l’Alaska, il aura pour mission d’étudier une intelligence artificielle expérimentale : Ava (Alicia Vikander). Il devra lui imposer le test de Turing pour déceler si sa conversation répond mécaniquement à un protocole à dialogue arborescent ou si au contraire, les réponses sont simulées par une intelligence proche de celle humaine.

On suit donc un huis clos entre trois personnes : Caleb, le testeur qui se laisse un peu trop prendre au jeu, Nathan, l’énigmatique patron qui semble cacher des choses tout en jouant tout le temps carte sur table avec une bonhomie totale, et Ava, cette machine potentiellement fourbe, émotive, ou tout simplement vide. Il y a aussi Kyoko, la domestique, l’élément perturbateur et perturbant. Le cadre est glacial, impersonnel, et pourtant, les environnements extérieurs sont resplendissants et l’intérieur regorge d’art de toute sorte. Le film est donc là, constamment à nous brouiller les pistes, nous poussant à tout remettre en cause tout en nous montrant clairement une piste avantageuse et enivrante. C’est une certitude : l’homme est faible, émotionnellement dépendant, et le jour où de telle machines verront le jour le marché de la poupée gonflable va s’effondrer. Le film joue prodigieusement sur chaque tableau, ménageant son suspens avec talent, et que ce soit l’ambiance sonore ou visuel, tout fonctionne à merveille. L’histoire est écrite de main de maître, pas étonnant quand on sait que c’est la formation première du réalisateur, à qui l’on doit entre autre Sunshine, et les conversations homme / machine sont réellement passionnantes. Une réflexion très poussée donc, mais aussi simple et facilement abordable, trouvant l’équilibre parfait entre limpidité, complexité et précision. Une des œuvres de science-fiction les plus abouties de ses dernières années.

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