Dark Places
2015
Gilles Paquet-Brenner
Tourné à peu près en même temps que Gone Girl, le film est lui aussi une adaptation d’un roman à suspens de l’écrivaine Gillian Flynn, mais les deux réalisateurs ne jouant pas dans la même cour, le destin des films fut radicalement différent. Le premier fut l’un des plus grands succès du genre, tandis que celui-ci n’a connu qu’une sortie modérée en dehors de la France, terre natale du réalisateur, pour un cumul mondial inférieur à quatre-cent mille entrées. Pourtant, la différence de niveau n’est pas énorme.
Il y a trente ans, un drame est survenu dans une petite ville américaine près de Kansascity. Un soir, le fils aîné des Day, Ben (Tye Sheridan), un sataniste aux fréquentations douteuses (Chloë Grace Moretz), accusé de pédophilie et activement recherché, est revenu chez lui et aurait assassiné sa mère et deux de ses sœurs. Il ne s’est jamais défendu, et pour la plus jeune de la famille, Libby, seule rescapée et alors âgée de huit ans, sa culpabilité ne fait aucun doute. Pourtant, trente ans plus tard, pressé par la possibilité de voir l’affaire définitivement classée, Lyle (Nicholas Hoult), membre d’un comité de détectives privés en quête de vérité, va contacter Libby (Charlize Theron) dans l’espoir de découvrir si Ben est réellement coupable, ou si la vérité est tout autre.
L’écrivaine ne manque semble t-il pas de talent vu comment elle excelle dans l’art du suspens, mais ses histoires ne tiennent pas la longueur, aboutissant encore à une déception finale. Le montage du film a pris 15 mois, et ça se voit : la structure narrative est parfaite, nous faisant découvrir l’histoire au travers de deux time-line différentes en parallèle, et le dosage est irréprochable. On est directement dans l’ambiance, les personnages sont immédiatement attachants, notamment grâce au talent des acteurs, à la hauteur de leurs réputations, et le suspens nous prend aux tripes. C’est mené d’une main de maître, c’est haletant, toutes les pistes sont envisageables et c’est en ça que le film est si réussi, du moins avant la toute dernière ligne droite. À force de faire monter la pression on veut du grandiose, de l’ambitieux, du twist-ending de folie, et comme pour Gone Girl, c’est finalement banal, soulevant du coup quelques questions de cohérence. On en prend plein la vue, mais on repart plein de désillusions. Un formidable travail, mais la fin n’est clairement pas à la hauteur des attentes.