Le Tournoi

Le Tournoi
2015
Elodie Namer

Ça n’était pas forcément une évidence vu le nombre de professionnels, même champions du monde, dont la discipline ne permet pas de vivre, mais quelques personnes gagnent leur vie de par leur expertise des échecs. Le film retrace les sept jours d’un tournoi du monde prenant place à Budapest. Grand favori de cette année, le jeune Cal (Michelangelo Passaniti), champion de France, est pourtant paralysé par les doutes, dépérissant à force de voir la femme qu’il aime (Lou de Laâge) se servir de lui comme simple amusement passager, de subir la pression de son entraîneur et des sponsors, et aspirant à retrouver le même plaisir de jouer que le petit garçon surdoué qui fait sensation.

Ce qu’il y a de bien avec les échecs, c’est que tout le monde sait tout ce qu’il y a à savoir dessus, tout le monde sait jouer ou presque, et seule une infime partie de la population se met à paniquer quand on évoque le rock, la permutation spéciale entre le roi et la tour si les deux pièces n’ont jamais bougé. Pourtant, le sujet est loin d’être très populaire au cinéma, et il faut se lever de bonne heure pour trouver ne serait-ce qu’un seul autre exemple (mise à part celui sorti il y a peu, Pawn Scarifice – Le Prodige en VF -, le seul autre qui me vienne est le téléfilm avec le gamin de Lost). On naviguait donc dans des eaux inconnues, et le résultat s’avère très bon. Un peu dans la même veine que La Crème de la Crème, le film met en avant un milieu d’intellectuels qui subissent une pression énorme, évoluant dans un cadre hautement bourgeois nécessitant une réponse primaire pour évacuer le stress, à ceci près que les cours et les exams sont remplacés par de l’entraînement et des championnats. Comme son aîné, le film met lui aussi en avant de jeunes talents en devenir, notamment la sublime Lou au regard si séduisant, et la courte durée du film est le fruit d’un beau travail de montage dynamique. Un film frais, nerveux et prenant, possédant en plus un cadre original.

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