La Loi du marché
2015
Stéphane Brizé
Stéphane, tu commence à nous les brizé. Bon, maintenant que ça c’est fait, place au drame humain, à la déchéance de la France. Très présent à Cannes, repartant même avec un prix d’interprétation pour ce qui est pourtant l’un des plus mauvais acteurs français de sa génération, et de toutes les autres d’ailleurs, le film a réussi à glaner près d’un million d’entrées, alors même que les critiques n’étaient pas bonnes, et à juste titre. La magie de Cannes…
Le chômage en France est un fléau dont il est dur de s’en sortir, touchant tout particulièrement les jeunes et les seniors, les premiers faute d’expérience, les seconds parce qu’ils sont considérés comme plus assez dynamiques ou motivés. La cinquantaine bien tassée, Thierry (Vincent Lindon) a perdu son travail depuis déjà un petit bout de temps, attendant en vain des réponses qui n’arrivent jamais et multipliant les stages ou formations sans débouchés. Dans une impasse financière, au bout du rouleau, il se confronte à la dure loi du marché.
Tiens, ça alors, ça va mal de par chez nous ? Oh bah dit donc, on était pas au courant ! Donc rien que sur le principe, le film est néfaste et c’est typiquement le genre de thème qui désintéresse d’emblée. Au moins, le sujet est maîtrisé, retranscrivant avec pertinence les différents services et connaissant très bien le monde de l’entreprise. On voit bien à quel point le travail déshumanise l’individu, le rebaisse dans la société, et l’oblige à jouer selon des règles détestables. Une vision réaliste donc, mais cela ne suffit pas pour en faire un film intéressant. Reposant sur des acteurs lamentables, l’histoire, déjà pas bien consistante de base, se paye un rythme effroyable, quasiment en temps réel, et se répétant de manière usante à de nombreuses reprises. La réalisation est mauvaise, incapable de proposer un cadre stable, et sur des plans interminables juxtaposés à l’arrache, ça brûle les yeux. Un ennui écrasant pour un thème chiant dont la vision n’a rien d’originale.