Archimède le clochard
1959
Gilles Grangier
Ça serait déjà impressionnant aujourd’hui, alors c’est dire à quel point le film fut un immense succès : un peu plus de quatre millions d’entrées. Enfin avec un réalisateur qui tournait en moyenne trois films par ans, exploser les compteurs coulait de source, surtout en s’alliant avec son acteur fétiche, Jean Gabin, l’un des plus gros monstres sacré du cinéma, sans compter Michel Audiard, le plus célèbre dialoguiste de l’histoire, profession qui a tendance à sombrer dans l’oubli.
Paris, il y a un demi-siècle, c’était une toute autre histoire. Les gens qui bossaient bossaient très dur, tout problème n’était qu’une question de bonne volonté, et celui qui voulait réussir n’avait qu’à s’en donner les moyens. Militaire à la retraite, Archimède (Jean Gabin) coulait des jours tranquilles, voguant entre les bars et son petit chez lui, mais le confort de son quotidien va être bouleversé par une hérésie : alors que son immeuble était abandonné depuis longtemps, faisant de lui son heureux pensionnaire exclusif, les travaux vont reprendre pour apporter des choses aussi inutiles que l’électricité, le gaz, l’eau et autres conneries de murs et escaliers. À trop le chercher, ils vont le trouver l’Archimède !
Bim. Simple, clair, efficace. Le charisme à l’état brute, un personnage franc et atypique, des répliques sanglantes, un patron à qui on la fait pas : c’est du bon, du vrai, de l’authentique. Les situation sont drôles, l’idée de départ génial, le casting énorme. Darry Cowl, Bernard Blier, Noël Roquevert. Tout est dit, ne reste plus qu’à déguster. Vraiment ? Un démarrage fulgurant, mais pour aller où ? Et voilà le problème du film : il ne va au fond nulle part, ne dépassant pas son postulat de base. Une situation un peu figée qui fini par décevoir, et on aurait même tendance à trouver que Jean Gabin cabotine par moments. Le film est aussi très vieux, et sa qualité sonore laisse à désirer, rendant même plusieurs répliques incompréhensible. Certains personnages ne sont pas assez exploités, et la seconde moitié manque de rythme. On passe un bon moment, mais le scénario aurait mérité un travail plus approfondi.