Joy
2015
David O. Russell
Quand on travaille dans des endroits comme Pôle Emploi où 12 dirigeants sur 13 sont des femmes, quand le premier parti politique de France est représenté par une femme, de même que la première puissance économique européenne, on a rapidement tendance à oublier que la place de la femme dans la société n’a pas toujours été ce qu’elle est aujourd’hui, même si s’en sortir dans la vie n’a jamais été facile. Nouveau film du très prisé David O. Russell qui ne change décidément pas une équipe qui gagne, ce long-métrage tiré d’une histoire vraie conte l’une de ces « success story » à l’américaine dont la société s’en retrouve grandie.
Quand elle était petite, Joy (Jennifer Lawrence) passait son temps à inventer toutes sortes de choses, et encouragée par sa grand-mère, elle était persuadée qu’elle ferait de grandes choses. Mais arrivée à l’âge adulte, le bilan est tout sauf idyllique : sans le sou, elle est obligée de faire cohabiter ses deux enfants avec sa grand-mère, sa mère, son ex-mari (Edgar Ramirez) vie dans son sous-sol et doit de surcroît le partager avec son beau-père (Robert De Niro), mit à la porte par sa dernière conjointe. Dépossédée de son invention de collier anti-puce, elle est désormais complètement désabusée, mais elle n’a pas dit son dernier mot, et qu’importe les tempêtes, elle fera face.
Je regrette d’avoir raté le denier film du réalisateur quand on constate son talent pour raconter une histoire. Refaire trois fois un film avec son héroïne, Bob et Bradley Cooper, ça peut sembler un entêtement redondant, mais quand on voit comment il la dirige, on oublie instantanément les désagréments des deux derniers Hunger Games, très en deçà des attentes. Très probablement encore nominée aux Oscars cette année, l’actrice la mieux payée de l’histoire nous livre un personnage fort et attachant, celui d’une femme brisée, brimée, abandonnée, mais qui n’a de cesse que de se battre. Une histoire intéressante, d’autant que le casting est formidable, et l’écriture des personnage est excellente, notamment l’ex-mari, véritable révélation. On se passionne pour ce combat, on souffre avec elle, on a envie qu’elle lutte, et le suspense est très bien géré. Un film poignant, triste, parfois frustrant, mais assez captivant.