The Green Inferno
2015
Eli Roth
Que le chemin vers les salles obscures peut être long… Pourtant auteur de quelques succès horrifiques, notamment Hostel qui a fait grand bruit et assouvi le fantasme de beaucoup, Eli Roth a eu tout le mal du monde à distribuer son film. Terminé en 2013, il a péniblement commencé à la diffuser fin 2014, pour une vraie sortie mondiale à partir de septembre 2015, sans pour autant arriver à réitérer ses succès passés. L’homme n’a pourtant rien perdu de sa folie, et il nous propose à nouveau une étonnante plongée au cœur de l’horreur.
Que ne ferait-on pas pour l’amour… Pas tellement convaincue par les idéologies militantes du gourou de sa fac, Justine (Lorenza Izzo) va néanmoins se laisser entraîner en pleine jungle péruvienne dans l’espoir de gagner son cœur. Une énorme industrie forestière déboise massivement des réserves protégées, et pour continuer à exploiter massivement la région, elle compte bien détruire un village de sauvages et tout ses habitants. Le groupe qu’elle va suivre espère faire bouger les choses en s’interposant entre la forêt et l’équipe de démolition.
Ce type est un escroc, c’est fabuleux. Il a un talent certain pour détourner l’attention et nous faire croire que le film sera totalement à l’opposé de ce qu’il va se révéler être. Ici, on commence tranquillement comme une comédie romantique à la con où une petite minette extrêmement naïve suit aveuglément son gourou. Une bande de jeunes, des blagues qui fusent, de vraies têtes de con, un militantisme humaniste et écologiste gerbant, et dire que ce film parle de ça ! Il nous mène en bateau pendant près de la moitié du film, causant un choc colossal pour les ignorants, faisant douter ceux qui savaient. Tiens, je ne me serais pas trompé de film ? Une excellente mise en bouche en trompe l’œil qui se garde bien de révéler son vrai thème tout en disséminant furtivement quelques fourbes indices. Grâce à de brillants effets de mise en scène et une très belle inspiration niveau maquillage, l’immersion est totale, le choc brutal, l’angoisse viscérale. Un thème « secret » osé pour un résultat très dérangeant, malsain, étrangement excitant, non sans rappeler ses séances de torture dans les entrailles ukrainiennes, mais l’introduction est encore plus traître et on s’éclate comme des bêtes.