La Famille Tenenbaum
2002
Wes Anderson
Grand incompris du cinéma, Wes Anderson a eu du mal à s’imposer dans le cœur des spectateurs, essuyant moult échecs en salles. Il est vrai que s’entourer de stars est vendeur, mais son style est résolument non conformiste, ne correspondant que trop rarement avec les exigences classiques. Toujours aussi atypique, bien fourni en casting et pourtant loin d’être son meilleur, Grand Budapest Hotel fut son introduction au monde, récoltant plus de cinq fois plus d’entrées que son précédent record (hors Etats-Unis), tout en battant d’une courte tête à domicile ce film, ancien détenteur du titre. Cité comme son meilleur long-métrage par certains, il me tardait de découvrir cette famille.
À force de ne jamais être présent tant pour sa femme que pour ses enfants, Royal Tenenbaum (Gene Hackman) fut rejeté de sa propre famille, un indésirable pas même convié lors des grandes fêtes symboliques. Souhaitant renouer le contact, et étant quelque peu obligé de par ses finances en berne le contraignant à quitter son hôtel de résidence, il va se faire passer pour mourant, constatant que cette perspective lui ouvre beaucoup de portes. Il va ainsi découvrir que tout ne va pas pour le mieux dans le meilleur des mondes pour ses anciens proches : son ex femme ne s’est jamais remariée et hésite à accepter une proposition de mariage d’un bon ami (Danny Glover) ; son fils Chas (Ben Stiller) est dévasté par la mort de sa femme qui l’a plongé dans une profonde psychose ; sa fille adoptive Margot (Gwyneth Paltrow) se meurt dans son mariage avec un vieil homme insipide (Bill Murray) ; et son autre fils Richie (Luke Wilson), qui avait plaqué sa carrière de tennisman il y a des années, se coupant du reste du monde, souhaite enfin affronter ses anciens démons, épaulé par son ami de toujours Eli Cash (Owen Wilson), qui fait pratiquement parti de la famille.
Au bout de dix minutes de film, c’est déjà la migraine. Le nombre de personnages présentés est juste énorme, d’autant que c’est une double présentation sur deux époques différentes, et on mettra longtemps avant de réussir à mettre un nom sur un visage et reconstituer le puzzle, pour au final se rendre compte qu’on a dès le début pratiquement toutes les informations et éléments scénaristiques du film. Une lourdeur encombrante qui va de paire avec la mise en scène surréaliste, qui annonce gratuitement le changement de chapitre et fait déclamer leurs textes face caméra aux acteurs, chose inhabituelle et déstabilisante. Si dans ses récents films cet effet de style est parfaitement maîtrisé, il sonne ici surtout artificiel et a tendance à nous faire sortir de l’histoire. Une histoire de famille étrange comme les aime son réalisateur, dérangeante sur certains aspects, bien barrée et souvent drôle, mais le trait est trop forcé, trop souvent, et on fini par se lasser. En l’état le film semble n’être qu’un délire excentrique d’un réalisateur s’amusant avec de grandes stars du cinéma, nous embarquant par moment avec lui, mais pas suffisamment.