Rocky V

Rocky V
1990
John G. Avildsen

Grandeur et décadence… Plus forte est l’ascension, plus rude sera la chute : après avoir tout pulvérisé avec Rocky IV, la saga souhaitait partir au sommet de sa gloire avec un tout dernier volet pour conclure l’histoire, faisant à nouveau appel au réalisateur du tout premier Rocky d’ailleurs, mais ce fut un désastre. Le désamour du public fut immense, les critiques très dures, et en salles moins du tiers des entrées du dernier opus furent conservées. Une énorme claque disproportionnée, mais pas totalement injustifiée.

Sorti de la retraite pour affronter la menace soviétique, cette fois Rocky Balboa (Sylvester Stallone) en a terminé une bonne fois pour toute avec la boxe. Trop vieux pour ces conneries, il souffre aussi de nombreuses lésions cérébrales dues aux violents coups au visage qui lui ont été assénés au cours de sa carrière, et un autre combat pourrait le tuer, rendant sa retraite d’autant plus obligatoire. Un choix qui va lui demander bien du courage quand, suite à une escroquerie, il va tout perdre, déchaînant sur lui les corbeaux assoiffés prêts à payer une fortune pour son retour. À la place, il va transmettre ses rêves à un boxeur en herbes, Tommy Gunn.

Mais va crever Paulie ! Personnage antipathique à souhait, le beau-frère fait très fort en réduisant à néant presque tous les enjeux des quatre précédents films. De par sa connerie, notre héros bien aimé, celui qui a connu la misère et qui a réussi à s’élever très haut, qui avait promit à son fils et à sa femme une vie heureuse et facile, pas comme la sienne a commencé, l’immense Rocky va s’écrouler, retomber dans la rue, recommencer de zéro sans espoir de retrouver une once de sa gloire passée. Une idée de départ atroce, ignoble, stupide, et qui a suffit pour beaucoup pour détester le film. Pourtant, l’idée qui suit était intéressante : un Rocky qui passe de l’autre côté du ring en devenant entraîneur. Mais bon, son poulain dégouline d’arrogance, on sent qu’il va mal finir, donc on se désintéresse de lui d’emblée. D’un autre côté cela offre une vision intéressante du film sur la vie par procuration, la dangerosité de l’ambition et l’amitié professionnelle, mais cela contribue à l’ambiance pessimiste du film, chose que l’on ne souhaitait pas forcément voir dans un Rocky, surtout quand il s’agit d’une conclusion. Point de musique entraînante cette fois, pratiquement pas de combats, du moins pas immersifs, et à force faudrait vraiment dire aux responsables des affiches des cinq premiers films de la saga que leur travail est gênant, voir ridicule. Pas mal de bonnes idées, mais dont beaucoup sont de mauvais goût, perdant au passage ce qui faisait la force des précédents volets : le punch et l’espoir. On a frôlé la belle réflexion sur l’épanouissement personnel, mais ça n’est finalement qu’une suite d’échecs moroses, certes captivante, mais frustrante et démoralisante.

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