Lightning Returns : Final Fantasy XIII
2015 (2014 sur consoles)
PC
Aussi décevant qu’était Final Fantasy XIII, il n’en restait pas moins un épisode numéroté de l’une des meilleures franchises vidéo-ludique de l’histoire, donc un assez bon RPG malgré tout. En revanche, le fait de partir avec un système de combat ennuyeux et un univers glauque et déprimant n’incitait pas à l’optimisme quant à la suite des événements, mais XIII-2 a fait taire nos mauvaises langues en réussissant l’exploit de rendre plus intéressant un système de combat identique grâce à une stratégie poussée, sans compter l’univers, qui en plus de nous torturer l’esprit avec ses voyages temporels et ses réalités alternatives, nous offrait de nouveaux éléments scénaristiques excellents, donnant plus d’ampleur aux personnages tout en en important de nouveaux au background exceptionnel. C’est désormais le moment de dire adieu à la saga, et malgré un budget revu à la baisse et un temps de développement beaucoup plus court, le final est à la hauteur.
Graphismes : 14/20
Depuis que le premier jeu est sorti il y a cinq ans, le moteur est resté le même, mais les moyens mis en œuvre ont eux beaucoup baissé, impliquant un soin bien inférieur. Néanmoins, la version PC a bénéficié de quelques retouches, allant avec son passage en 1080p, et son optimisation est bien meilleure que ses prédécesseurs, permettant un affichage ultra sur de modestes configurations qui peinaient à trouver le 60 fps avec les autres, surtout le XIII-2. Techniquement le jeu accuse un certain retard, mais il le compense par la diversité de son bestiaire, des décors (même si au final la carte est assez petite et qu’il y avait un plus large panel dans les autres), et surtout une direction artistique magnifique qui ébloui lors des cinématiques, notamment lors des scènes finales, tout simplement ahurissantes. À leur vue on retrouve nos palpitations d’antan, et pour ça un grand merci.
Jouabilité : 14/20
Plus rien n’est comme avant, le système a enfin évolué, mais au fond rien n’a changé. Au lieu de jongler entre trois classes, on jongle entre trois formes (ou tenues, mais ça sonne bizarre), et à la place de préparer des combinaisons, on assigne une touche à une attaque, changement qui nous rend néanmoins plus dynamique et directement impliqué. Toutes ces tenues s’équipent donc d’armes et de protections, malheureusement pas évolutives en dehors du mode New Game +, rendant certaines missions / boss infaisables sans refaire une seconde fois le jeu. Certes, cela justifie l’option de rejouabilité, mais passer à côté de certains éléments du jeu à cause de ça est dommageable, pour ne pas dire stupide. Les aptitudes / techniques (offensives, défensives, magiques ou d’altération) sont elles, en revanche, synthétistes et évolutives, comptant pour beaucoup dans la stratégie de combat. Niveau évolution, on nous promettait une grande liberté de mouvement proche d’un Assassin’s Creed, avec des interactions avec l’environnement, mais en réalité, en dehors du fait de courir et de sauter, on montera de temps à autre à une échelle, et on cassera deux trois caisses à l’occasion. C’est peu, même s’il est vrai que la liberté est très grande niveau exploration, toute la carte étant disponible en grande partie dès le début. Une exploration qui compte pour beaucoup dans le temps de jeu, cherchant en permanence les missions à réaliser et comment les mener à bien, d’autant que le temps est compté et que toutes les missions ne sont pas accessibles 24h/24. En effet, le jeu étant effectif sur 13 ou 14 jours (ou moins, jusqu’à 7, en cas d’échec), le temps qui s’écoule a une importance primordiale au sein de l’histoire et du jeu, et mieux vaut avoir la solution à côté de soi pour savoir à quel moment effectuer quelle mission. Heureusement, le temps n’est pas si inquiétant que ça dans la mesure où il ne s’écoule pas dans les phases non-actives (menu, dialogues, cinématiques) et que l’on dispose de pouvoirs spéciaux appelés PE, dont l’un d’eux, la chrono-dilatation, permet de stopper le temps. Or rien n’est plus facile que de conserver ses PE au max quand on combat régulièrement des ennemis. Personnellement, convaincu que le temps me manquerait cruellement, j’ai abusé de la chrono-dilatation au point de boucler l’intégralité des missions principales en trois jours, ne faisant ensuite qu’attendre le déblocage des missions tardives en faisant une chasse aux Oméga infaisable hors New Game +… Un système d’une très grande richesse, plus efficace que jamais malgré des oublis / changements dommageables, mais souffrant toujours d’une certaine mollesse et d’une complexité parfois poussive.
Durée de vie : 17/20
Voilà un jeu qui plaira à tout le monde au niveau de sa durée de vie. Si vous voulez foncer et plier le jeu le plus vite possible pour enchaîner les phases d’histoire sans temps mort tout en ayant la fin heureuse, la difficulté du jeu vous le permettra en 20-25 heures, voir moins avec la soluce à côté. En revanche, si vous êtes un joueur acharné en quête de contenu, les missions annexes vous tiendront approximativement 50h, voir 80h si vous enchaînez avec un New Game + derrière pour terminer la quête des Oméga, le monstre suprême et le donjon bonus du 14° jour, autrement impossible sans l’équipement renforcé de la seconde partie. Néanmoins, si exterminer du monstre et collecter les butins pour le tableau de prières est amusant, la plupart des missions secondaires sont redondantes et ennuyeuses.
Bande son : 15/20
Les thèmes électro-pump sont de retour pour leur troisième déclinaison, apportant son lot de remixe et de thèmes certes très beaux, mais plus ou moins interchangeables et oubliables. Les bruitages sont globalement très bons, à ceci près qu’une certaine dissonance se fait entendre à Yusnaan, ne faisant pas de différence quand on marche dans le sable ou sur les dalles qui le jonche. Quant au doublage, il reste heureusement inchangé pour le confort de nos habitudes. Un travail à la hauteur du studio, mais contrairement à certain de ses opus phares, on ne réécoutera pas en boucle ses thèmes.
Scénario : 14/20
On ne pouvait pas espérer de miracle avec le départ poussif de la saga, empêtré dans de sinistres histoires de religion, mais la boucle est bouclée. Dans le premier, l’homme s’est affranchi des dieux. Dans le second, l’homme a tenté de les remplacer tout en luttant contre eux. Ici, alors que le monde agonise après tous les dérèglements du temps, l’homme cherche le moyen de créer un nouveau monde sans maître. Alors que la déesse Etro n’est plus, le Dieu Bhunivelze a fait de Hope son messager et de Lightning sa libératrice, chargée de soulager et d’accompagner les âmes des humains dans le nouveau monde qu’il souhaite créer, mais il semblerait qu’il ne soit pas si bienveillant.
Note Globale : 14/20
Ce sont des thèmes chers à la culture japonaise : le rapport à la divinité, la peur du temps qui passe et l’impuissance humaine sont au cœur de cette ambitieuse trilogie vidéo-ludique qui trouve ici sa conclusion. Délaissant sa magie habituelle pour la religion, la saga Final Fantasy n’a pas fait l’unanimité avec Final Fantasy XIII, qui en plus de son histoire triste et pesante s’avérait ennuyeux dans son déroulement, proposant un système de combat aussi riche, complexe et stratégique que passif et mou. Les personnages n’étaient pas non plus très passionnants, certains à la limite du soûlant, mais la suite des choses a changé la donne. Nombre d’imperfections ont été corrigées avec XIII-2, qui proposait en plus une histoire bien plus aboutie et agréable à suivre, sans la monotonie et la redondance des premières heures de son prédécesseur. Toujours dans cette optique de se réinventer au sein de ce même univers, Lightning Returns nous propose donc un monde totalement ouvert dans un contexte très intéressant : on retrouve notre héroïne du premier jeu 500 ans après la fin du temps, dans une réalité figée où nombre de personnes ont succombé à la folie, avec pour mission de sauver le maximum de personnes avant la fin du monde, programmée pour dans 13 jours, et ce grâce à ses pouvoirs divins octroyés par le dieu Bhunivelze. Une formidable aventure solitaire pour l’une des plus grandes héroïnes de l’histoire toute forme de culture confondue, mais les limites originelles entravent un chef d’œuvre lattant. Malgré toutes les améliorations apportées, l’univers ne nous emballe pas outre mesure, le système de combat reste peu concluant, et en dehors des cinématiques le visuel n’a rien d’exceptionnel, mais après tant d’heures passées aux côtés de Lightning, alias Claire Ferron, lui dire adieu est douloureux, surtout après la claque de la dernière cinématique. Sans parler de religion, le mystique a toujours était prépondérant dans la franchise, mais le dosage trop brutal et fataliste a eu du mal à convaincre, laissant un arrière-goût de gâchis face à un travail si dantesque. Pas aussi emblématique que ses illustres ancêtres, FFXIII est une grande saga dont Square-Enix peut être fière, et cette conclusion lui fait honneur.