Nous trois ou rien

Nous trois ou rien
2015
Kheiron

Élu meilleur film de l’année par les spectateurs d’allociné et ayant jouit d’un bouche-à-oreille si phénoménal que sa première semaine d’exploitation compta pour seulement le quart de ses entrées (alors que la moyenne se situe aux alentours de 45%), le film fut tout juste nominé pour le prix du meilleur premier film aux Césars, prouvant définitivement l’inutilité totale de cette ennuyeuse cérémonie. Dans un paysage cinématographique qui a vite fait de paraître redondant, voilà probablement l’œuvre la plus aboutie et personnelle de l’année.

Principalement connu pour ses participations dans la série Bref sur Canal, l’humoriste Kheiron s’attaque ici à une histoire loin d’être drôle : celle de ses parents, incarnant au passage son propre père, Hibat. Ce dernier a grandi en Iran dans une famille de 12 enfants, dans un pays meurtri par la dictature du Shah d’Iran (Alexandre Astier), qu’il voulait combattre en devenant avocat, mais ses actions vont le conduire en prison où il croupira de nombreuses années. De son engagement politique dans son pays natal jusqu’à sa fuite en France avec sa compagne (Leïla Bekhti), le film revient sur une vie entière dévouée à rendre ce monde meilleur.

Réussir à adoucir une histoire aussi brutale, rendre émouvante une histoire aussi triste, c’est un véritable tour de force. Pour éviter de nous perdre dans la surenchère de drame ou la dureté de la réalité, le film arrive avec une justesse étonnante à nous offrir des instants de répit, des petites piques humoristiques pour se rendre la vie supportable. Et en fait c’est ça le vrai sujet du film : l’espoir. L’espoir de rendre son pays meilleur, l’espoir d’être meilleur pour son prochain, l’espoir d’être utile et de contribuer. Tout simplement brillant dans sa narration et dans son écriture, le film repose surtout sur des personnages extrêmement attachants, et presque chacune des performances est notable, que ce soit le couple, exceptionnel, Gérard Darmon, Zabou Breitman, Michel VuillermozKyan Khojandi ou Jonathan Cohen. Le plus surprenant de tous est peut-être l’interprète du frère du personnage principal, Khereddine Ennasri, un joyeux simplet qui participe beaucoup à la légèreté protectrice du film. L’histoire nous fascine, les acteurs nous émeuvent, le film nous bouleverse. Kheiron adapte l’histoire de ses parents avec force et émotion, donnant à cette première œuvre un impact digne des plus grands maîtres.

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