Encore heureux

Encore heureux
2016
Benoît Graffin

Petite comédie française du début d’année, le film jouait la carte du malaise sociétal actuel, à l’image du Grand Partage, mais n’a pas vraiment eu le même succès. Le chômage est un problème, mais l’immigration en est une des causes, donc parler de l’un sans l’autre n’aide pas à surfer sur une quelconque polémique et le film rejoint ainsi la masse des 83 % de films français non rentables. Et d’un autre côté heureusement, car j’espère que plus de 17% des films seront meilleurs que celui-ci cette année.

C’est une chose face à laquelle on se retrouve tous un jour : la perte d’un emploi. Pour Sam (Edouard Baer), ce fut la fin du monde et il ne s’en est jamais remit, traînant depuis deux ans comme un clochard au milieu de son propre salon, se reposant exclusivement sur le salaire de sa femme (Sandrine Kiberlain), mettant sa famille dans une situation de pauvreté telle que les menaces d’expulsions se multiplient (au passage, pour les quatre scénaristes tous plus débiles les uns que les autres, la trêve hivernale interdit toute expulsion du 1 novembre au 31 mars, ce qui inclus bien évidemment la période de Noël).

Vivant dans un état de pauvreté tel que le vol devient la seule solution pour éviter de mourir de faim, difficile de faire comprendre les notions de bien et de mal à ses enfants. Ainsi, voyant en la mort de sa voisine une opportunité magnifique pour réviser plus souvent son piano et en profiter pour la dépouiller d’une lampe extrêmement cotée, permettant de faire patienter les huissiers, la fille de la famille pensait bien faire, mais un plan foireux à la base devient vite cauchemardesque quand une mère au bord de la crise de nerfs et une loque de père complètement dépressif s’en mêlent. Comédie burlesque sur fond de drame humain, le film montre comment un couple réagit de façon stupide et irresponsable à une situation délicate, sans pour autant se montrer totalement irréaliste. Certaines personnes sont effectivement à ce point déconnectées, et avec Edouard Baer c’est à la fois drôle et agaçant, le film trouvant un bon équilibre et l’humour marchant bien. En dehors de la trêve hivernale inexcusable, le scénario tient la route, certaines informations d’apparence de remplissage trouvant en réalité un écho, bien que la conclusion ne soit pas non plus une surprise totale. Pas très fine, pas forcément très originale, il s’agit tout de même d’une comédie sympathique aux personnages intéressants (sauf Benjamin Biolay, jamais approfondi), bien interprétés, et on passe un agréable moment.

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