L’Outsider

L’Outsider
2016
Christophe Barratier

Alors que le monde avait le regard plein de colère en pensant à la crise du subprime et tous ces traders américains qui avaient ruiné des milliers de familles avec leurs produits AAA tout sauf garantis, le phénomène a conjointement touché les marchés boursiers du monde entier, faisant craindre pour leurs économies tous les petits particuliers qui avaient investis dans les valeurs « refuges ». Encore plus touchée que leurs comparses d’outre-Atlantique (-60% Vs -53%, mais surtout un cours actuel à -33% contre +28% par rapport à juillet 2007), la France a aussi eu ses déviances capitalistes exposées au grand jour avec un trader qu’on ne présente plus.

Entré à la Société Générale au début des années 2000, Jérôme Kerviel (Arthur Dupont) y a fait ses débuts comme simple informaticien, mais y a très vite grimpé les échelons. Ami de Keller (François-Xavier Demaison), le meilleur trader de la banque, il va rapidement faire ses preuves et ce dernier va lui offrir le travail d’assistant avant de finalement devenir à son tour trader. Son boulot était simple : rapporter de l’argent à sa banque en prévoyant les fluctuations financières et ainsi vendre et acheter aux meilleurs cours. Pulvérisant tous ses collègues et tous les objectifs de la banque, il va peu à peu s’enfermer dans une spirale du chiffre, grisé par sa réussite et cherchant continuellement à se surpasser, quitte à mettre en jeu des sommes considérables qu’il n’aurait jamais dû avoir en mains.

Savoir les origines du scandale Kerviel pouvait être intéressant, d’autant que récemment Margin Call avait montré que ces monstres de la finance qu’on appelle trader, dont le métier est le paroxysme du capitalisme et abîme l’image de notre société, sont avant tout des êtres humains au demeurant sympathiques. Le parallèle entre les deux films ne s’arrête d’ailleurs pas là, on retrouve ici ce même dynamisme, la même simplicité dans la vulgarisation du métier, sans compter le savoir-faire artistique. La réalisation est très ambitieuse avec des plans aériens, des plans grues avec notamment un passage extérieur-intérieur impressionnant, et l’idée de la représentation de la valeur de l’argent donne toute la mesure des enjeux. Le personnage de Kerviel est particulièrement intéressant, en bonne partie grâce à son interprète, et son mentor nous fera lui aussi forte impression. Un film édifiant à l’impact indéniable.

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