Anges et démons

Anges et démons
2009
Ron Howard

Quand un film rapporte autant que Da Vinci Code, critiques assassines ou non, on capitalise dessus, c’est la règle. Ainsi, dès l’année suivante la suite fut mise en chantier, mais entre la grève des scénaristes de 2007 et un acteur principal des plus gourmands, faisant monter les enchères jusqu’à un cachet de 50 M$, les choses ont un peu traîné. Etant donné que le premier film n’avait pas passionné grand monde, on pouvait légitimement s’attendre à une forte baisse, mais pas à ce point. Malgré des critiques bien moins sévères, voir bonnes, le film n’a rapporté que 486 M$, soit presque trois cent millions de moins que son prédécesseur. Une claque d’autant plus violente que le budget était revu à la hausse avec pas moins de 150 M$ investis.

Préquelle selon le livre de Dan Brown, séquelle pour le film, l’histoire mettra une fois encore le professeur de Harvard Robert Langdon (Tom Hanks) face à un complot religieux, catholique une fois de plus. Alors que le dernier pape venait de rendre l’âme et que les cardinaux s’étaient réunis pour élire le nouveau, les quatre favoris manquaient à l’appel, et pour cause. Un dangereux illuminati les a capturé et planifie d’en tuer un par heure de 20 h à 23 h avec comme bouquet final l’explosion de tout le Vatican à grand coup d’antimatière, une quantité sans précédent récemment créée à Genève venant justement d’être volée.

Catholiques contre illuminatis, ça sonne comme l’éternelle combat de conspirationnistes, donc c’était l’occasion de piocher copieusement dans les théories sur le sujet, mais en fait le film va faire exactement l’inverse de Da Vinci Code. Là où le premier nous servait hasardeusement des informations palpitantes dans un jeu de piste brouillon, on a ici beaucoup moins d’anecdotes historiques mais en contrepartie la narration est bien meilleure. On commence directement dans le bain : la menace est connue avec cinq enjeux à cinq créneaux différents, conférant au film une structure bien plus solide, et l’enquête s’oriente d’emblée avec Langdon qui creuse la mythologie pour en déduire les lieux où auront lieu les exécutions, les forces de polices (Stellan Skarsgard) qui l’épaulent et tentent de localiser l’explosif, et même le délégué au souverain pontife (Ewan McGregor) se joint à l’investigation. Pour une fois, le professeur est peu moins spectateur de sa propre histoire, même si encore une fois sa présence n’aurait pas changer grand chose au résultat final. L’histoire de base n’est pas très crédible tant la quantité d’antimatière nécessaire pour une telle explosion dépasserait plusieurs milliards de fois celle que l’humanité a produite depuis l’existence de la technologie, mais une fois qu’on l’accepte ça passe plutôt bien, le film ne manquant pas de rebondissements intelligents et ses énigmes semblent plus abouties. Plus encore, le casting est ici bien plus homogène et nivelé par le haut, rendant l’expérience plus agréable. Le cadre est original, mystique, point de théorie qui bouleverse la face du monde mais un scénario solide, des personnages charismatiques et un rythme bien mieux tenu. La preuve que l’on apprend de ses erreurs.

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