Les Animaux fantastiques
2016
David Yates
De très loin la saga la plus lucrative de l’histoire, Harry Potter a rapporté plus de 7,7 milliards de dollars dans le monde et il était impensable pour la Warner de s’asseoir sur une franchise pareille. Pour capitaliser dessus la firme n’avait à l’époque pas le choix, le seul autre support existant du monde de J.K. Rowling étant son recueil d’animaux de l’univers des sorciers, mais les fans avait de quoi douter. En effet, si le livre regorge d’éléments intéressants, il n’en reste pas moins dépourvu d’histoire, alors l’idée d’adapter une trilogie entière sur les Animaux Fantastiques pouvait laisser perplexe. Finalement, ça sera même cinq films qui composeront cette nouvelle saga, seulement une chose rassurait tout le monde : le scénario de la pentalogie a été écrit par la romancière en personne.
L’histoire se déroule quelques 70 ans avant l’arrivée du jeune garçon à la cicatrice à Poudlard, en 1926 plus précisément. Le monde de la magie était alors en panique à cause d’un certain Gellert Grindelwald (Johnny Depp), mage qui militait pour que les sorciers n’aient pas à se cacher et souhaitait déclencher une guerre contre les moldus. Le moment n’était donc pas très bien choisit par Norbert Dragonneau (Eddie Redmayne) pour débarquer aux Etats-Unis avec une valise pleine à ras bord de monstres en tous genres, surtout quand par inadvertance certains d’entre eux vont s’échapper alors que leur seule présence est prohibée sur le sol américain, territoire sur le qui-vive suite à de nombreuses attaques des partisans de Grindelwald.
Les choses ont bien changé. Fini l’élu qui affronte son antagoniste ultime, le héros est ici enrôlé par hasard, comme la plupart des protagonistes, et la menace n’est pas clairement identifiée. On a Tina (Katherine Waterston), ex aurore – enfin son équivalant américain – révoquée qui enquête sur Norbert, sa colocataire Queenie (Alison Sudol) et Jacob (Dan Fogler) un moldus, tous trois embarqués fortuitement dans la recherche des animaux perdus, tandis que Graves (Colin Farrell) mène l’investigation sur les étranges manifestations survenues à New-York et injustement imputées aux créatures de Norbert. On aura aussi le point de vue moldu avec notamment Croyance (Ezra Miller), adoptée par une secte anti-sorcières, ou encore Henry Shaw (Jon Voight), directeur d’un journal dont l’influence aimerait être mise à contribution pour potentiellement faire éclater la guerre à laquelle aspire Grindelwald, la menace de l’ombre pour le moins discret tout au long du film. À moins que…
Ainsi, on se demande continuellement d’où le danger va venir, même si en dehors de deux sacrés twists le film est assez prévisible. L’histoire n’en est pas moins bonne, n’hésitant pas à traiter de façon très crue de sujets aussi sensibles que la maltraitance des enfants, et on découvre aussi l’obscurantis, phénomène d’aliénation qui touche les jeunes enfants sorciers tentant de se soustraire à leurs pouvoirs et qui les plonge dans un état second dévastateur entraînant leur mort. Un choc presque aussi puissant que celui des Haorcrux dans Le Prince de sang mêlé, enrichissant significativement l’univers établi, bien plus que les sympathiques créatures et le sort de parapluie, plus anecdotiques qu’autre chose. Si pour l’instant Grindelwald n’a pas l’aura de Voldemort, les enjeux sont toujours très importants, plus d’ailleurs que dans les premiers Harry Potter. On se réjouit de la qualité des interprètes, la plupart n’ayant pas été aussi convaincant depuis bien longtemps, de même que la réalisation et les effets spéciaux sont encore une fois de très haute facture, notamment en ce qui concerne les éclairages, ou comment la magie rend un New-York moribond merveilleux. Côté musique c’est là aussi très agréable, mais on s’étonne qu’un tel plagiat soit passé : l’un des principaux thèmes est une copie conforme de celui emblématique de la saga horrifique Saw. Qu’importe, le film rempli pleinement son rôle en arrivant à proposer une histoire originale, divertissante et captivante dans un univers bien connu et apprécié, mais l’attente sera longue d’ici à novembre 2024 pour assister à la conclusion de ce nouvel arc.
Disponible en version alternative et vidéo :
https://www.youtube.com/watch?v=wXfF05DSz_w