Sully
2016
Clint Eastwood
Si à l’image de certains vieux réalisateurs comme celui du BGG (Bonne Grosse Gastro) on se dit qu’à un certain âge il est grand temps de prendre sa retraite, Clint Eastwood fait exception. Du haut de ses 86 ans, il ne s’est jamais aussi bien porté et sa popularité a atteint un record sans précédent avec American Sniper, dépassant le demi-milliard de recettes dans le monde. Basant son film sur l’envers d’un crash qui avait fait le tour du monde entier, il fait encore très fort cette année, établissant son troisième meilleur score de son histoire aux Etats-Unis (124 M$), et les premiers résultats internationaux s’annoncent excellents, portés par des critiques élogieuses.
En janvier 2009, le vol 1549 d’US Airlines comprenant à son bord 155 personnes a perdu ses deux moteurs peu après le décollage en percutant un groupe d’oiseaux, l’obligeant à se poser sur la seule piste dégagée possible : le fleuve Hudson. Alors que les amerrissages d’urgence ont souvent des bilans terribles, il n’y eu cette fois miraculeusement aucun mort ni blessé grave. Pour les gens et les médias, le pilote Sully (Tom Hanks) est un héros qui a réussi à tous les sauver, mais qu’en est-il vraiment ? Aurait-il pu retourner à la piste de l’aéroport ? Était-il vraiment obligé de se poser dans l’Hudson et faire courir un pareil danger à tout l’équipage ? C’est justement ce qu’une commission de sécurité va chercher à savoir.
Fait divers qui avait fait grand bruit, l’enquête qui l’entoura fut pour sa part plus discrète, voir complètement inconnue aux yeux du public. L’enjeu du film est donc de montrer au spectateur l’incertitude qui a plané autour de l’affaire, nous faisant ainsi douter. Est-ce un héros qui a accompli l’impossible et l’enquête n’est qu’une hérésie des assurances cherchant à se couvrir ou a t-il mit en danger 155 personnes de par un acte inconsidéré ? Il y a trois ans sortait Flight, un autre film basé sur un sauvetage aérien extraordinaire (plus encore qu’ici avec le vol plané à l’envers), suivi lui aussi d’un procès, mais la comparaison s’arrête là. Bien moins pénible en terme de rythme – quoiqu’imparfait – et reposant sur des personnages bien mieux écrits et brillamment interprétés (incluant le copilote Aaron Eckhart, l’épouse de Sully Laura Linney ou encore la membre du conseil chargé de l’investigation incarnée par Anna Gunn), le film peut aussi compter sur le poids de l’authenticité des faits, l’impact des images retranscrites et de savoureux dialogues qui font la part belle aux discours inspirés et marquants. Le film réussi donc tout ce qu’il entreprend : son héros est parfait, on est touché par le côté humain et tout ce qui a fait de cet événement un fait marquant, la reconstitution est extrêmement réaliste et les recherches apportent régulièrement de nouveaux éléments captivants. On connaît déjà l’histoire et sa conclusion est évidente depuis le début mais cela n’empêche en rien d’apprécier cette belle leçon de vie, même si le résultat est un peu trop lisse.
Disponible en version alternative et vidéo :
https://www.youtube.com/watch?v=nk4uUg4WpRc