A Cure for Life

A Cure for Life
2017
Gore Verbinski

Projet qui est resté assez longtemps confidentiel et dont la campagne publicitaire fut d’ailleurs très timide, le film a pourtant de quoi attiser la curiosité des cinéphiles, même les moins aguerris. Entre un réalisateur à qui l’on doit d’excellents divertissements – hormis son étron animé – un jeune acteur prodigieux qu’on ne présente plus en tête d’affiche et une bande-annonce énigmatique et angoissante laissant entrevoir un film de la trempe de Shutter Island, la hype était juste monstrueuse. Des attentes difficilement tenables, et pourtant le film y arrive presque.

Voulant faire fi des tracas de la vie quotidienne, un patron d’une grosse société s’était retiré dans un centre thermal, mais en son absence la boîte est entrain de couler et seule une fusion pourrait les sauver, mais impossible de le faire sans sa présence. Jeune employé ambitieux, Lockhart (Dane DeHaan) va être chargé d’aller le récupérer sur place, ce qu’il pensait n’être qu’une simple formalité, mais les choses ne vont pas se passer comme prévu. Victime d’un accident de voiture et la jambe dans le plâtre, il va être contraint de rester sur place, un lieu loin d’être uniquement ce qu’il prétend être.

Avant même que le film ne commence, il avait déjà engrangé pas mal de points : jouer la carte du mystère avec comme cadre un vieux château inquiétant perdu au milieu de la campagne Suisse, c’est déjà en soi d’excellents prémices. Une fois dedans, les réjouissances continuent entre la patte visuelle du réalisateur toujours aussi esthétisante, un Jason Isaacs glaçant en directeur du centre médical, une Mia Goth méconnue et qui fascine dans son rôle mystérieux et quasi fantomatique pendant la première moitié (seulement deux petites apparitions) et un style mi thriller mi horreur très réussi. Certains plans sont très forts, le suspens marche bien, l’histoire est assez solide et l’ambiguïté installée dès le début est très bien gérée. En nous laissant en toile de fond l’aliénation au travail et la noblesse d’un retour aux choses simples de la vie, le film justifie pleinement l’existence du centre et le bien-être de ses pensionnaires, nous faisant régulièrement remettre en question les doutes du héros, lui même atteint par le vice du travailleur qui oublie de vivre. Le film n’en est pas pour autant parfait, souffrant par moment de quelques problèmes de rythme (ce qui est le cas de pratiquement tous les films dépassant de beaucoup les deux heures, en l’occurrence 2h27) mais son plus gros problème reste la gestion du danger. Quand on est intimement convaincu que sa vie est menacée et que des solutions s’offrent à nous, ne pas se précipiter dessus est rageant et le héros tombe dans des pièges aussi vieux que le cinéma, le plaçant au même niveau d’intelligence que les personnages de films d’horreur de série B, laissant éclater quelques faiblesses d’écriture. Dommage car le film avait le potentiel pour s’imposer comme une référence du genre, mais au lieu de ça on devra se contenter d’une bonne cuvée joliment emballée.

Ce contenu a été publié dans Cinéma, Critiques. Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *