Marjorie Prime
2017
Michael Almereyda
Qu’est-ce qui fait de nous des êtres humains ? Qu’est-ce qui nous identifie en tant qu’individu ? Somme nous simplement la somme de nos souvenirs et de nos émotions ? Si tel était le cas, suffirait-il de copier ces données et les implanter dans une machine pour nous redonner vie sous une autre forme ? Ou peut-être est-ce une manipulation des intelligences artificielles pour qu’on leur donne plus de crédit que ce que l’on devrait, leur permettant ainsi d’immiscer le doute et potentiellement prendre un jour le pouvoir.
Le film se déroule dans un avenir assez proche (aux environs de 2070 d’après diverses informations) alors qu’une nouvelle technologie a fait son apparition : les primes. Intelligence artificielle évolutive, elle se sert d’hologrammes pour redonner vie à des personnes disparues. Souffrant de la solitude et pleurant toujours la mort de son mari (Jon Hamm), Marjorie, une vieille femme elle-même non loin du trépas, a choisi de s’offrir les services d’un prime pour retrouver son Walter, lui donnant même l’apparence de sa grande époque, au début de leur relation. Pas très à l’aise avec cette simulation s’efforçant au mieux d’être ce qu’elle n’est pas, la fille de Marjorie (Geena Davis) et son époux (Tim Robbins) vont néanmoins y trouver un miroir à qui se confier.
Le jour où on ne pourra plus faire la distinction entre l’homme et la machine sera le jour de notre extinction, à moins que ça ne soit l’inverse. Que se passerait-il si les machines elles-même n’étaient plus conscientes de ne pas être humaines ? À vouloir les faire à notre image, c’est exactement ce qu’il se passe, dotant que basées sur trois valeurs les y incitant : l’écoute, la compassion et l’apprentissage. En plus d’apporter une vision intéressante sur le besoin de survivre dans la mémoire d’autrui, le film aborde quelques thèmes existentiels passionnants, les traitant en plus avec une certaine douceur, voir poésie. Malheureusement, en tant que film en lui-même le résultat est loin de pleinement convaincre. La réalisation est minimaliste, le traitement de l’image pauvre, le rythme somnolant et certaines transitions passent mal, perdant durant quelques minutes le spectateur, ne comprenant pas toujours ce qu’il vient de changer. Une brillante idée intelligemment traitée, mais difficile pour autant de s’en satisfaire entre un concept étiré jusqu’à épuisement et une mise en forme trop faible.