Wind River
2017
Taylor Sheridan
Un peu perdu au milieu des blockbusters de l’été et oublié des Golden Globes jusqu’aux nominations même, le film a eu une distribution anecdotique et si le bouche-à-oreille n’avait pas été d’une telle ampleur, il n’aurait certainement pas eu la chance de gagner semaine après semaine un nombre de salles suffisant pour transformer l’essai. Au final si peu de pays ont suivi (avec moins de 3 M$ la France est le second plus gros territoire), les Etats-Unis ont réussi à hisser le film au rang de petit succès avec près de 45 M$ dans le monde, soit le triple du budget. Ecrit et réalisé par le scénariste des très bons Sicario et Comancheria, le film vaut effectivement le coup d’œil.
On a un peu tendance à l’oublier voir carrément s’en foutre puisque la propagande western en a fait des monstres assoiffés de sang, mais à l’origine les Etats-Unis étaient une terre amérindienne, depuis assez largement délogés de chez eux. Cependant, il reste quelques territoires protégés où vivent les derniers clans amérindiens, mais la misère y est plus rude encore et les moyens de police sont risibles, laissant libre court à une criminalité record. Journée presque banale dans sa triste vie, le garde-forestier Cory Lambert (Jeremy Renner), qui avait épousé l’une des habitantes de la réserve, retrouva un jour le corps sans vie de Natalie (Kelsey Asbille), la meilleure amie de sa fille retrouvée morte trois ans plus tôt. Pour les aider à mener l’enquête, l’agent du FBI Jane Banner (Elizabeth Olsen) va être dépêchée sur place.
Dans les hauts-plateaux du Wyoming, la neige est quasi éternelle, tombant au minimum neuf mois par an. Entre le climat extrême, les drames de chacun et la misère ambiante, sans compter un casting efficace (avec au passage Jon Bernthal), une réalisation immersive et un montage haletant, l’histoire particulièrement bien écrite et ficelée nous prend aux tripes. Le côté petite fliquette innocente qui vient se frotter à un drame sordide dans un lieu sinistre renforce l’impact de l’affaire. La fougue et le dévouement de cette dernière déteint sur le spectateur qui veut voir la fourmilière se faire taper dedans, mais le film nous prend régulièrement à revers pour nous prouver que non seulement la vérité est ailleurs, mais en plus il ne faut jamais sous-estimer une menace, d’autant plus quand on ne sait la cerner. Un thriller particulièrement bien écrit à défaut d’être spécialement original, mais la force des personnages et de l’ambiance rendent l’expérience marquante.