The Book of Henry

The Book of Henry
2017
Colin Trevorrow

Visiblement, ça n’est pas parce qu’on a été le réalisateur du momentané troisième plus gros succès de tous les temps et qu’on réuni un casting assez solide qu’on arrive à distribuer correctement son film. Tout juste sorti modestement aux Etats-Unis, ce troisième long-métrage de Colin Trevorrow n’aura pas eu le droit à d’autres sorties, tout juste une minimaliste en Grande-Bretagne. Y avait-il de vraies raisons de douter du projet ou est-ce que cela a à voir avec l’évincement du réalisateur du prochain Star Wars ? Persona non grata.

Après le Punisher (homme le plus charismatique au monde et faite qu’on le revoie avant la saison 2 en 2019), place à Henry (Jaeden Lieberher). Quand la justice montre ses limites, il faut parfois agir soi-même. Constatant jour après jour l’évidente maltraitance dont souffre sa voisine (Maddie Ziegler, la fille des clips de Sia), battue par son beau-père (Dean Norris), il a tenté tous les moyens légales jusqu’alors, mais quand le bourreau n’est nulle autre que le chef de la police de la ville et que son frère s’occupe des services sociaux, on se heurte à un mur. Henry va alors écrire un livre dans lequel il va détailler son plan pour le mettre hors d’état de nuire.

Question enfant surdoué, difficile de passer après le coup de cœur Mary, d’autant que ce qui est bluffant à 8 ans l’est beaucoup moins à 14 (et oui, il est censé en avoir 11 mais le vrai âge du comédien transparaît bien trop). Le principe même du film est donc un peu bancal, surtout que le projet n’est même pas destiné à lui mais à sa mère (Naomi Watts) et que si déjà il est difficile de faire confiance aux enfants (hein Jacob Tremblay ?! Espèce de petit frère trop curieux ! Heureusement qu’il a la mémoire courte…) c’est encore pire quand il s’agit d’adultes. Le plan est donc solide, sans plus, mais il repose sur des facteurs décevants. Si les acteurs sont excellents, le personnage de la mère est vraiment très mal écrit, sorte d’ado attardée incapable de prendre une décision et dont les défauts sont représentés par des addictions en tout genre, comme les sucreries, l’alcool et les jeux-vidéos, tous mit sur le même plan. Venant d’un film, c’est à hurler de rire ou pleurer face à tant de bêtise puisque la seule différence qu’il y a aujourd’hui entre le cinéma et le jeu-vidéo, hormis des possibilités plus grandes en terme de mise en scène et d’approche artistique, c’est que le jeu-vidéo n’est pas un loisir passif mais actif où le consommateur n’est plus spectateur mais acteur de l’histoire qui lui est proposée. Si le film partait d’une idée sympa à défaut d’être révolutionnaire, le film rate le coche de beaucoup de ses messages et devient aseptisé sur certains points à force de faire marche arrière ou de censurer. Frustrant, rageant même avec l’humour douteux du petit frère qui – lors du spectacle – nous fait imaginer un twist de dingue qui ferait revoir le film sous un jour complètement différent où le degré d’ingéniosité était en réalité insoupçonnable, mais non. De là à dire que le film est mauvais, il semble n’y avoir qu’un pas, mais on passe tout de même un bon moment entre des thèmes importants qui font réfléchir et riche casting qui rattrape quelques faiblesses d’écriture. Le potentiel était énorme, le résultat est sympa.

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