Le Temps d’un week-end

Le Temps d’un week-end
1993
Martin Brest

Il est vrai qu’il y a au moins chaque années cinq ou six nominés à l’Oscar du meilleur film, donc ne serait-ce que sur les six dernières décennies on tape déjà dans les 300 films, ce qui fait une pléthore de probables excellents films desquels nous sommes passé à côté. Bon certes, celui-ci a en prime gagné le prix d’interprétation masculine aux Oscars pour le parrain deuxième génération, mais avec une durée dépassant les 150 minutes et un réalisateur qui n’a plus rien fait depuis deux décennies, l’oubli devient plus évident.

Etudiant dans une prestigieuse prépa, Charlie (Chris O’Donnell) n’est pourtant pas issu de la même haute caste que ses camarades (incluant un jeune, fringuant et charismatique Philip Seymour Hoffman), obligé de cumuler les petits boulots pour se payer son école malgré sa bourse au mérite. Aspirant à passer Noël en famille, il va chercher un autre travail pour se payer un billet d’avion : s’occuper d’un vétéran aveugle (Al Pacino) le temps d’un week-end. De prime abord acariâtre, il va aussi s’avérer ingérable, l’embarquant avec lui dans une escapade bousculant ses considérations sociales et morales.

Le milieu universitaire américain – ou lycée d’ailleurs – m’a toujours fasciné, surtout dans les milieux les plus prestigieux à l’image du Club des empereurs ou du Cercle des poètes disparus. Par pression sociale et scolaire, on pousse de jeunes personnes à s’épuiser à la tâche jusqu’à en devenir fou, perdant peu à peu toutes leurs notions d’humanités, et le choix du film de bousculer allègrement un bûcheur de l’extrême, plus coincé qu’un dignitaire de la couronne britannique, est le genre de claque qui fait du bien. À défaut d’être spécialement originale, cette histoire a le mérite d’aborder des thèmes importants de manière brutale, déstabilisant aussi le spectateur en le confrontant à des personnages difficiles à appréhender ou apprécier. On a d’un côté un pétochard de la pire espèce qui hésite à respirer de peur de déranger, et de l’autre un homme brisé qui se contrefout de tout et tout le monde et qui ne se prive pas de le dire à haute voix, créant bien des malaises. Deux protagonistes en totale opposition, mais qui ont presque tout autant à apprendre l’un de l’autre, et c’est ce mélange qui rend le film si intéressant. Bien sûr, les prestations sont un peu exacerbées, rendant le prix aux Oscars surprenant voir malvenu, de même que le montage aurait mérité quelques coupes tant l’évolution est parfois stagnante, mais pour la puissance des messages, la qualité des dialogues, le film mérite qu’on s’y attarde.

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