Superhigh

Superhigh
2017
Edouard Pluvieux

Parce que des fois il y en a marre de tirer sur l’ambulance et que quand tout le monde tape sur quelqu’un, ça donne parfois envie de le défendre et de s’intéresser à lui. Humoriste qui brosse les ados dans le sens du poil avec du décérébré divertissant, Kev Adams se fait souvent attaquer à juste titre entre son jeu monolithique et le niveau généralement très bas des productions dans lesquelles il joue, mais la série Soda était par exemple relativement drôle et sympa pour peu qu’on ne se pose pas trop de questions. Du coup j’avais mit la main sur les trois premiers épisodes de cette série au pitch assez spécial, me disant pourquoi pas. Alors pour que plus jamais personne ne se pose cette question, il était de mon devoir d’expliquer à tous pourquoi il faut protéger le monde contre cet étron à peine croyable. En fait non, je retire ce que je viens dire, je n’y crois toujours pas.

Dans un monde où les scénaristes font des concours de bifle sous LSD, on découvre David (Kev Adams), un français parti vivre aux States parce que c’est la classe. Gros bébé à sa maman pétée de tunes, il ne fait absolument rien de sa vie, traînant de soirée en soirée et se tapant mannequin sur mannequin parce qu’après tout il faut flatter l’ego de l’acteur, même si clairement quand on s’est tapé deux miss France et une miss Monde, le melon explose tous les compteurs. Parce que c’est un connard fini mais cool, un clodo va lui refiler de la beuh magique, et au détour d’une soirée il va se rendre compte que fumer cette herbe lui donne des supers-pouvoirs comme une force herculéenne ou souffler de la glace. Au réveil, il va décider de former une équipe de supers-héros avec le black rigolo et la grosse bonasse qu’il veut se taper. La drogue c’est bien, c’est cool, ça rend meilleur.

Allez vous faire foutre. Copieusement. Avant d’aborder les innombrables et ahurissants autres problèmes, passons directement à celui qui frappe d’emblée à la lecture de ces quelques lignes : le scénario est un immonde tas de merde. Tout est absolument random, sans aucune explication, sans cohérence ni respect pour l’art audiovisuel. La beuh arrive littéralement par magie, il n’y a aucune explication sur son origine ou la raison de la passation, et ses effets sont eux aussi hasardeux au possible, changeant en fonction de la personne, de l’heure de la journée ou de la commodité de la scène. Le trio se compose artificiellement et sans aucune logique non plus, créant une équipe de « supers-héros » pour de mauvaises raisons et sans autre but que de se la raconter dans les grandes largeurs. Et puis surtout le plus gros problème de l’histoire, c’est sa morale : on fait l’éloge de la drogue, montrée comme cool et bénéfique. Sérieusement ?! Des branleurs junkies, c’est ça l’image des jeunes branchés que vous véhiculez bande de psychopathes criminels ?!!! Une honte sans bornes qui cumule écriture à l’arrache et morale répréhensible, et pourtant c’est de loin le point le plus « positif » de cette série.

Le casting étant entièrement américain en dehors de Kev Adams, à l’accent si perfectible qu’il est obligé de jouer les français, le tournage a donc été fait dans la langue de Shakespeare, et le moins que l’on puisse dire c’est que ça saute aux yeux comme une bombe nucléaire sous ta fenêtre à quatre heure du matin. Le doublage français mérite de figurer dans les annales des plus grosses blagues de l’histoire au même titre le goulag ou les viols sur mineurs durant la guerre du Vietnam. On est sur du cas d’école, compilant toutes les plus grosses bourdes possibles : des voix qui ne collent pas à l’interprète, le ton ou le jeu complètement à la ramasse, un texte qui ne colle pas toujours au mouvement des lèvres, ou encore le jackpot ultime, la phrase carrément pas doublée où le personnage parle dans le vide. Du sabotage en bonne et due forme, mais ça aussi c’est presque l’un des points les moins navrants de ce cauchemardesque tableau. Il faudra aussi y ajouter une équipe dénuée de toute conscience professionnelle, que ce soit devant ou derrière la caméra : les acteurs sont en roue libre totale, le cadrage est saccadé, le montage atroce et les effets spéciaux sont tout juste dignes d’un enfant de huit ans découvrant After Effect. C’est bien simple, on dirait une blague douteuse où tout le monde s’est concerté pour faire la plus grosse daube jamais pondue. Eh bien devinez quoi ? C’est réussi !

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