Le Secret des Marrowbone
2018
Sergio G. Sánchez
Assurément l’un des meilleurs films horrifique de ces dernières années, L’Orphelinat avait été écrit par le même homme qui s’est attaqué à ce film, laissant donc entrevoir la possibilité d’un excellent travail malgré le fait qu’il officie aussi pour la toute première fois au poste de réalisateur. Acclamé par les spectateurs, quasi rejeté par la presse, le film avait donc laissé les gens mitigés et les scores en salles furent discrets tout au mieux. Et c’était encore bien trop pour ce film qui ne mérite que notre indifférence ou notre dédain.
Jouant la carte de la famille pseudo mystérieuse avec « un sombre passé », le film nous dévoile la famille Fairbairn, qui pour échapper à un père dangereux s’est renommée Marrowbone (nom de jeune fille de la mère, donc pas du tout évident à deviner… ) et a fui aux Etats-Unis. Malade, la mère a fini par mourir, laissant seuls ses trois fils (dont George MacKay et Charlie Heaton) et sa fille (Mia Goth). Si la nouvelle avait été ébruitée, le plus grand n’ayant que 20 ans et non 21 (majorité aux US), la fratrie aurait été dissolue entre adoptions et foyers. Les quatre orphelins vont donc devoir survivre seuls pendant une année pour pouvoir continuer à vivre ensemble.
C’est à peine croyable tant le film n’a pratiquement que des défauts. D’un rythme atroce, le film nous laisse largement le temps de théoriser sur chaque petit élément de l’intrigue, que ce soit le visiteur six mois plus tôt, les miroirs, le fantôme ou la fameuse boîte. Débordant pour ma part d’imagination et ayant été bercé par des œuvres fantastiques comme Le Veston ensorcelé de Dino Buzzati, impossible de ne pas crier au scandale face à un développement extrêmement prévisible et hautement décevant, rechignant à assumer son statut surnaturel et déversant dans les retournements faciles et éculés. Avec le recul, le film est d’un banal atroce, rendant criminel toute la montée en suspens et les trop nombreuses pistes prometteuses. Pour autant, il y a pire que le montage somnolant et le vide scénaristique : la réalisation. Certes, les cadres sont bien travaillés, mais l’étalonnage et l’éclairage sont à la ramasse, rendant totalement illisibles toutes les scènes dans le noir, comptant pour un gros tiers du film, ce qui n’est donc pas anodin. Si le peu d’histoire est assez bien structuré, que le casting (incluant Anya Taylor-Joy) est bon et l’ambiance bien travaillée, il faut dire les choses comme elles sont : on se fait chier. Un film faussement profond, sauf dans son ennui.