Perfect Blue

Perfect Blue
1998
Satoshi Kon

Série animée recyclée en film qui devait ne même pas avoir droit de citer dans les salles de cinéma, le film a finalement su s’y frayer un chemin et gagner ses lettres de noblesse, à tel point que le film est cité parmi les meilleurs film d’animation japonais, ce qui inclue la pléthore de chefs-d’œuvre des studios Ghibli pour ne citer qu’eux. Bref, malgré la double décennie qui s’est écoulée, le film semblait pouvoir mériter une place de choix dans mon cœur de cinéphile, mais celui-ci est visiblement devenu bien trop imperméable, las de voir des produits dont on connait déjà les codes, qui juste dans son ADN a un arrière-goût de redondance.

Bien que cela soit vrai d’à peu près toutes les carrières du show-biz qui peuvent tourner court très vite, au japon les midinettes j-pop ont une espérance de vie très faible. Et pour cause, dans un pays où l’apparence occupe une place primordiale au détriment du talent, passé les « belles années » la chute est souvent terrible, et les potentielles vedettes se doivent de se réorienter au plus vite. Chanteuse de second plan dans un trio qui peine à décoller, la jeune Mima va foncer sur la première porte de sortie possible : le cinéma. Seulement voilà, le rôle en question ne sera finalement que de la figuration, l’obligeant d’emblée à accepter un peu tout et n’importe quoi, même des shooting dans des magazines un peu osés. Une spirale va alors s’enclencher tandis que sa communauté de fans va soit se détourner d’elle soit réagir de façon plutôt agressive.

Bien sûr, nous allons écarter d’emblée l’aspect purement technique de l’animation, le budget alloué étant minimaliste et les progrès technologiques ont permis de grandes améliorations en la matière. Reprocher au film la sur-utilisation de plans fixes ou les faux effets de mouvement, de même qu’un nombre d’images par seconde quasi ridicule, tout cela n’aurait que peu de sens. On ne peut alors juger que la direction artistique et la mise en scène. Dans les deux cas, rien de spécialement imaginatif : c’est du classique. Pas de musiques marquante en perspective, et le doublage passe bien, rien à dire. Il s’agit donc de concentrer l’analyse sur le scénario et rien d’autre. Et malheureusement, celui-ci n’a rien d’extraordinaire. On y suit le parcours mouvementé d’une aspirante starlette avec en parallèle une histoire de fan hardcore qu’on ne sait pas exactement s’il est celui qu’on croit ni si tout est lié à lui ou à autre chose. Le film nous pousse à nous questionner sur la réalité de ce que l’on voit, si bien qu’il fini par nous perdre totalement dans le dernier tiers où l’éventail des possibilités s’ouvre tellement qu’on théorise plus que ce l’on analyse, et au final la conclusion sent le réchauffé tant les exemples du genre sont nombreux. Au final, le film s’impose grâce à son ambiance psychédélique qui monte crescendo, mais d’une part l’intrigue met bien trop longtemps à s’installer, et d’autre part elle peine à convaincre totalement entre les redites et la cohérence parfois limite. Un film cru et brutal qui mélange les genres et les thèmes avec une certaine aisance, mais ça reste pour ma part un peu trop froid et classique.

Ce contenu a été publié dans Cinéma, Critiques. Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *