Taxi 5

Taxi 5
2018
Franck Gastambide

Pouvait-on honnêtement espérer un bon film ? Non, mais ça restait possible. Certes déjà bancale depuis le premier opus, la saga Taxi partait d’une idée simple mais efficace : une police tellement nulle que même le chauffeur de taxi du coin est un meilleur enquêteur, le tout servant d’excuse pour des prouesses techniques de cascadeurs expérimentés. Au final c’était écrit avec le cul pour des blagues encore plus basses, et mise à part les trois premiers à peu près regardables, le quatrième était vraiment un navet fini. Pire, l’équipe responsable de ce nouvel opus est la même qui nous a infligé Pattaya, ce grand n’importe quoi complètement bancal où l’avalanche de guest, et trop peu de gags réussis, n’effaçait pas un bilan pour le moins mitigé. Enfin bon, entre Les Kaïra et la blague de « il était temps de passer la cinquième », on avait espoir de sauver deux trois meubles, vainement.

Pour ce qui est du torchon putride qui est censé être appelé « scénario », on suivra un flic chaud bouillant de Paris (Frank Gastambide) muté à Marseille pour raison disciplinaire (il a couché avec la femme du préfet ou un truc du genre) – chose qui déjà n’a aucun sens puisque niveau échelon une place à la cité phocéenne vaut largement plus cher. Il y découvrira toute l’incompétence de la police locale, malmenée par un gang italien. Pilote chevronné aguiché par le récit des exploits d’un fameux taxi, il va faire équipe un bon à rien du coin pour récupérer la mythique voiture qui, il l’espère, lui permettra de mettre la main sur ceux qu’il cherche.

Pour être sûr de ne pas perdre les fidèles de la quadrilogie, le film enchaîne les références, s’en gave, vit pour elle tel un mourant sous assistance respiratoire. Les personnages parlent des précédents opus pendant presque vingt minutes au total, montrant au passage une pléthore d’extraits sous forme de flashback alors que le narrateur n’y était pas : un degré d’incompétence hors du commun. La formule ne change pas d’un iota, on échange juste les personnalités du chauffeur de taxi et du policier. Les personnages secondaires du policier Alain et du commissaire Gilbert ont même été ressortis du formole pour un résultat plus pitoyable et caricatural que jamais. La mode des guests prend une nouvelle dimension ici avec Ramzy Bedia, Monsieur Poulpe et même Waly Dia et le chanteur Soprano qui nous sortent totalement du film juste pour nous sortir la blague sur Jeffrey, mais mine de rien le chanteur au naturel inexistant n’est même pas le pire de tous. Une seule chose a évolué : l’humour, bien plus trash et lourd. On prend un nain pour se foutre de la gueule des nains, on prend des moches pour nous montrer comme ils sont pas beaux, et cerise sur l’excrément, une obèse ignoble au regard vide qui donne envie de vomir à chacune de ses bien trop nombreuses apparitions. On nous refourgue donc du Taxi ultra calibré, au niveau d’écriture encore plus fainéant et au « charme » endeuillé par une lourdeur sans pareille. L’acteur principal est bon et sa romance à la ville qu’il recycle à chacun de ses films est touchante puisque l’homme reste fidèle même en tant qu’acteur, mais c’est bien là le seul point à sauver du film. Le duo marche, mais moins bien que son modèle, les cascades nous ennuient, l’histoire est fade et les personnages secondaires sont pour la plupart des cancers ambulants. Il valait mieux laisser la saga dans son caniveau…

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