The Man From Earth Holocene

The Man From Earth Holocene
2018
Richard Schenkman

Avant d’être mis en ligne par les créateurs même du film, j’avais aperçu le film il y a plus d’un an dans les charts du box-office américains, n’en revenant pas. Succès surprise sorti dix ans avant, The Man from Earth avait surpris le monde entier de par sa simplicité et son efficacité. Huis clos tourné avec les moyens du bord et qui a mit près de 20 ans à se faire (faisant que son auteur est mort neuf ans avant que le film ne se fasse, reprit par son fils), le film partait d’une idée formidable, nous fascinant tout du long de par un récit formidablement pensé, logique scientifiquement et bouleversant historiquement. Une claque comme on en connaît que trop peu, et voir une suite débarquer était complètement fou. Y avait-il plus à dire ou à faire ? Oh que oui.

Homme de Cro-Magnon né il y a 14 000 ans, John ne vieilli pas, ne marque pas, traversant les âge sans pouvoir rester plus de dix ans au même endroit, sans quoi il finirait vraisemblablement ses jours dans un laboratoire. Cette fois il s’est installé comme professeur de religions dans l’Ohio, coulant des jours tranquilles avec sa nouvelle compagne Carolyn (Vanessa Williams) – dommage finalement qu’il n’ait pas tenté l’aventure avec la Sandy du premier film, pourtant créditée au générique comme celle qui incarnait Edith, et au final aucune des deux ne sont présentes -. Une petite vie rangée qu’il pensait pouvoir conserver quelques années encore avant de changer d’identité, mais c’était sans compter sur des élèves un peu curieux qui vont tenter de découvrir son secret.

Le film avait deux belles pistes à explorer. Notre immortel semble toucher à sa fin et commencer à vieillir, avec deux développements possibles à la clé : soit il se dirige effectivement vers la mort à un rythme inconnu, remettant en cause son statut quasi divin et nous faisant explorer la confrontation avec la fatalité, soit il s’agit d’une sorte d’épreuve spirituelle où son pouvoir de guérison s’affaibli avec la lassitude, et il doit alors retrouver en lui la force d’être l’homme qui ne marque pas. Cette première piste semble s’orienter vers la première possibilité, mais ne sera pas vraiment exploiter dans la mesure où la priorité n’est pas là. Avec l’évolution des technologies et une vie privée de plus en plus difficile de cacher avec la surexposition qu’on subit, volontairement ou non, avec les réseaux sociaux, le film explore surtout la piste d’un mode de vie qui arrive à son terme. Les jeunes sont curieux, et si le partage de ses connaissances est sa grande motivation, leur proximité peut vite devenir problématique. Il y avait là une possibilité de relation professeur-élève à la Californication, d’autant que la jeune Tara est à se damner et qu’on voit mal comment quelqu’un pourrait résister, et globalement le film ne les développe pas assez, mais c’est là un autre problème. En effet, le film se veut comme la mise en bouche de quelque chose de plus grand, avec toujours les débats philosophiques et la quête de soi en sous-texte (les cours en amphithéâtre sont d’ailleurs passionnants), mais prenant aussi le danger d’être découvert en trame de fond. Pourquoi pas, surtout si on retrouve certains personnages du premier film, car seuls deux – en plus du héros – sont de retour, mais pas sûr que le financement participatif soit à la hauteur, surtout que le film peine à exister par lui-même, ne faisant que mettre en lumière un style de vie déjà dépeint. Espérons néanmoins que d’autres films ou qu’une série complémentaire voient le jour car le potentiel est immense.

Ce contenu a été publié dans Cinéma, Critiques. Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *