Au Poste !

Au Poste !
2018
Quentin Dupieux

L’humour est une chose difficilement descriptible dans la mesure où ce qui fera rire les uns ennuiera profondément les autres. Quentin Dupieux est assurément un homme qui divise, même au sein de sa propre filmographie puisque tout le monde ne détestera ou n’aimera pas forcément l’intégralité sans nuance. On pourrait plus ou moins qualifier son style d’absurde, et personnellement je n’avais jamais tellement adhéré, sans pour autant le rejeter totalement, y décelant un certain potentiel. Cette fois la bande-annonce me semblait alléchante, le casting énorme, mais quand ça passe pas, ça passe pas.

Contrairement à certains de ces films qui croulent sous les sous-intrigues tarabiscotées, l’histoire est ici plus accessible. On suit Fugain (Grégoire Ludig), un homme convoqué au poste de police car il est le suspect principal dans une affaire d’homicide. Il y sera interrogé par l’inspecteur Buron (Benoît Poelvoorde), souhaitant simplement recueillir sa déposition. Un séjour au poste qui ne sera pas de tout repos, car très vite la situation va devenir encore plus stressante pour Fugain, décidément toujours au mauvais endroit au mauvais moment.

Ce film est une aberration. Au cinéma, tout film qui sort du lot est bon à prendre, et une telle démarche est par principe à saluer. Le film brise régulièrement le quatrième mur, envoie valser certains codes du genre et ne respecte même pas le cadre habituel des longs-métrages, frôlant le statut d’un moyen-métrage avec une durée dépassant de peu les soixante minutes. Sans rien dévoiler de la fin, le film ne se respecte lui-même en tant qu’histoire puisqu’il détruit tous ses enjeux pour définitivement casser tout ce qui pourrait faire de lui un film classique. Le casting, malgré le caractère improbable des personnages, donne tout ce qu’il a et ça fait plaisir, surtout dans le non-jeu, avec parmi eux Orelsan, Marc Fraize, Anaïs Demoustier ou encore Philippe Duquesne, mais encore faut-il y être sensible. Si la durée permet de ne pas trop ressentir l’ennui, le rythme est tout de même affolant, tout piétine à outrance, et c’est là le principe / gag, mais je n’ai tout simplement pas adhéré. L’un des exemples les plus frappant est le visage de Mr Fraize, cyclope qui semble avoir une moitié de visage étrangement flouté, et le résultat est malaisant, volontairement mal fait pour renforcer le côté décalé de l’ensemble. Tant mieux si nombre de gens ont ri devant cet ovni, mais pour ma part ça n’a pas été le cas, loin s’en faut, et je pense que l’univers du réalisateur ne me parlera jamais.

Ce contenu a été publié dans Cinéma, Critiques. Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *