Le Juge

Le Juge
2014
David Dobkin

Depuis la sortie des Avengers en 2012, mise à part une courte apparition dans le film d’un ami, cela fait précisément un lustre qu’à une exception près un grand acteur se retrouve cantonné à endosser inlassablement le même costume (qu’il s’apprête à remettre pour la dixième fois en avril). Il faut dire qu’il n’est pas donné à tout le monde de se payer Robert Downey Jr. tant son cachet est le plus élevé de l’histoire du cinéma, s’élevant ici à 40 M$, soit plus de la moitié du total de 70 M$. Le voir dans un autre registre fait du bien, et les arts oratoires démontrés dans les films de procès m’ont toujours fascinés.

Avocat émérite à qui tout réussi sur le plan professionnel, pour Hank Palmer (Robert Downey Jr.) d’un point de vue familial le constat est bien plus amer. En instance de divorce, il doit se rendre dans son village natal pour y enterrer sa mère, l’occasion de certes revoir ses frères (incluant Vincent D’Onofrio), mais aussi malheureusement l’obligation de revoir son père (Robert Duvall), un juge impitoyable au tribunal comme dans la vie, et qui n’a jamais aimé que lui-même. Une rude épreuve, mais qui ne sera que le début d’un long combat : alors qu’il pensait rentrer tranquillement chez lui, Hank va recevoir un coup de fil pour le prévenir de la mise en examen de son père, suspecté de meurtre avec préméditation. Les preuves sont accablantes et la partie civile va faire appel à un avocat de renom (Billy Bob Thornton), ne laissant aucune chance au bougre plaidant son innocence. Conscient que sans lui il n’a aucune chance, Hank va accepter de rester pour l’aider.

Entre le procès plein de rebondissements et de tirades inspirantes, l’affaire de famille qui fera ou non écho en vous, ou encore dans une ville natale oubliée avec les souvenirs qui refont surface, il y avait effectivement moult thèmes à aborder et développer. La durée avoisinant les 140 minutes n’est donc en rien une surprise, et ce temps est judicieusement mis à profit pour décrire tout le cheminement d’une vie. On a la fille de Hank, brillamment interprétée par Emma Tremblay, pleine d’espoir et qui appréhende le monde avec un regard émerveillé. La quête de soi et la découverte du monde est abordé au travers des histoires sur le passé, mais aussi un peu grâce à Carla (Leighton Meester), la fille de l’amie d’enfance de Hank (Vera Farmiga). Le héros symbolise lui la vie adulte, pleine d’obligations, de compromis et de désillusions, puis la boucle prend fin avec le père, qui lui doit tirer un bilan de son existence, confronté à sa déchéance mentale et physique, devenant l’enfant de son propre enfant prenant soin de lui. Les acteurs sont excellents, le film sonne juste dans chaque thème qu’il aborde, et le procès est maîtrisé de bout en bout avec ce qu’il faut de répliques marquantes et de rebondissements. L’originalité manque parfois, et sans aller jusqu’à dire que l’histoire est prévisible, on ne peut pas non plus dire qu’elle ne l’est pas vraiment, mais ça reste un travail remarquable de précision et d’intensité. Un maître du genre.

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