Roma

Roma
2018
Alfonso Cuarón

Voici donc l’un des grands favoris des Oscars qui récolta pas moins de dix nominations, dont toutes les catégories les plus importantes (meilleur film, réalisateur, actrice, scénario, photographie… ). Après deux films de science-fiction très biens accueillis, on attendait avec impatiente de savoir quel allait être le nouveau projet d’Alfonso Cuarón, et nombre ont été déçu de savoir qu’il nous préparait un pur film d’auteur, espagnol et en noir et blanc. Pourtant, le voilà auréolé de prestigieuses critiques, acclamé dans les plus grandes cérémonies. Et pourtant…

Le film nous conte l’histoire d’une bonne (femme de ménage) hispanique dans une famille de « riche » à Mexico aux alentours des années 60-70 semble-t-il (La Grande Vadrouille, sorti en 1966, étant diffusé en salles). La mise en images de la banalité de la vie, du quotidien de chacun, vue par une femme banale.

Dès les premières minutes les problèmes s’enchaînent. Ne serait-ce que deux choix de réalisation qui laissent perplexes, que ce soit le style contemplatif ou le traitement de l’image. Il y a deux types de films contemplatifs : les films d’atmosphère qui misent sur la poésie de l’instant, et ceux qui confondent se poser et se reposer. Les scènes semblent s’éterniser sans que cela ne serve le propos, à supposer qu’il y en ait un. On comprend aussi l’intérêt de la couleur quand le noir et blanc empêche parfois de comprendre ce que l’on regarde. Également, l’étalonnage est bizarre, manquant de contraste, faisant que les nuances de blancs perdent en lisibilité, et côté réalisation les mouvements de caméras sont parfois peu esthétiques. Mais bon, si le rythme ou l’esthétisme peuvent effectivement empêcher d’apprécier un film, une bonne histoire aurait pu tout rattraper. Seulement c’est là le hic, c’est le assurément le point le moins convaincant du film. On suit une famille, sa bonne qui tombera enceinte, et c’est tout. Le film tentera bien de créer un petit électrochoc après 1h30 de profond sommeil, mais ne connaissant pas l’histoire Mexicaine de l’époque, à titre personnel la mini guerre civile de moins de cinq minutes m’a plus sorti du film qu’autre chose. Le passage à l’hôpital est en revanche une très grande réussite en terme d’émotion et d’intensité, mais les questions sont nombreuses. Par exemple, à quoi sert le chien ? Montrer que les riches sont des connards qui prennent un animal sans prendre conscience de la charge de responsabilité qui en incombe ? C’est lourd. Le cliché du connard qui se barre quand la fille annonce sa grossesse… Au secours ! Pire, le film en rajoutera deux couches, pour être vraiment sûr que le spectateur ait bien compris le message. Clairement s’il n’y avait pas le nom d’un illustre réalisateur attaché au film, il est évident que jamais le film n’aurait fait parlé de lui, sauf à la limite pour les pauvres cinéphiles tombés dessus par hasard, et qui auraient le devoir de mettre en garde le reste du monde contre un ennui si mortel. Rarement vu un film aussi surcoté, les quelques moments réussis et le talent des actrices ne pouvant effacer autant d’esbroufe visuel, mais surtout une histoire si plate et ennuyeuse.

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