Will Hunting
1998
Gus Van Sant
Si lors des Oscars de 1998 le film n’a rien pu faire face au raz-de-marrée Titanic, le film aura tout de même eu son heure et a su marquer à travers le temps. En plus d’avoir offert à ses deux acteurs vedettes leurs seuls Oscars de leur carrière (néanmoins en tant que scénariste, et non acteur, pour le fameux Will), sans compter plus de 220 M$ dans le monde, le film aura su s’imposer dans la culture populaire grâce à certains de ses passages sur le sens de la vie, ou tout simplement des performances oratoires. Oui, mais même avec un bon casting, d’excellents dialogues et un scénario de base solide, le film n’en est pas pour autant si génial que ça.
Comme les études le montrent : le bonheur est inversement proportionnel à l’intelligence. Conscient de ses facultés mentales hors du commun, Will Hunting (Matt Damon) s’évertue donc à cacher le plus possible ses dons, en s’assurant de ne jamais rien faire de sa vie. Il occupe donc un boulot de balayeur et passe le plus de temps possible au bar à se bourrer la gueule avec ses potes (Ben Affleck et Casey Affleck), et rejette les pauvres folles qui oseraient s’attacher à lui (Minnie Driver). Malheureusement pour lui, à force de multiplier les conneries, il va se retrouver au pied du mur, obligé d’accepter l’aide de Lambeau (Stellan Skarsgard), un professeur de renom qui a décelé en lui un immense potentiel. Pour l’aider à aller mieux sur le plan psychologique, il sera obligé de voir un psy (Robin Williams) qui devra lui apprendre à vivre.
Le film avait, comme à l’image de son héros, un immense potentiel, mais qui ne sera jamais correctement exploité. Dans un premier temps, on ne voit pas bien ce que le film essaye de dire ou de montrer, si ce n’est le cas « typique » du gars qui fait exprès de foutre sa vie en l’air, à ceci près que d’habitude il s’agit plutôt d’un jeune homme de bonne famille qui perd pied. Le problème, c’est qu’à force, ses petits jeux orateurs dévoilent sa faiblesse : il est exactement ce qu’il critique, incapable de penser par lui-même et régurgitant sa science comme une sorte d’armure pour le protéger du monde extérieur. Les mécanismes du film manquent de subtilité ; tout, jusque dans la toute dernière scène, est téléphoné à outrance ; on ne dénotera pratiquement aucune évolution psychologique des personnages, moteur pourtant indispensable à l’avancement de l’histoire ; la romance n’a pas de développement suffisant pour avoir une réelle ampleur ; et au final les fameuses tirades si brillantes sonnent parfois creux, comme un discours pré-mâché d’auto-défense. Le film reste intéressant, pas mal de pistes de réflexions sur la vie et la société, mais globalement on en ressort mitigé, comme si ça n’allait pas assez loin. Un film pour ma part très surcoté.