Le Grand Bain

Le Grand Bain
2018
Gilles Lellouche

Après avoir vu la bande-annonce, je m’étais fait la réflexion que le film avait l’air particulièrement inintéressant, d’autant plus de par son sujet, et si j’avais dû parier j’aurais dit que le film allait faire un bide et que personne n’en parlerait jamais. Au final, le film fut acclamé, réunissant quatre millions de spectateurs et glanant des nominations dans quasiment toutes les catégories aux Césars, bien qu’il n’y empocha que celui du meilleur acteur dans un second rôle. Eh bien le moins que l’on puisse dire c’est que l’engouement m’échappe complètement.

La France est un pays de dépressifs, mais contrairement au Japon où l’on garde tout pour soi jusqu’à l’implosion, chez nous on rumine, on se plaint et on se bourre de médocs pour éviter d’avoir des pensées trop noires. Licencié il y a deux ans et depuis complètement amorphe et dépité de la vie, Bertrand (Mathieu Amalric) va trouver une forme de réconfort dans un groupe pour le moins improbable : de la natation synchronisé pour hommes (Guillaume Canet, Philippe Katerine, Alban Ivanov, Benoît Poelvoorde, Jean-Hugues Anglade). En les côtoyant, il va comprendre que son malheur est symptomatique de l’état d’esprit ambiant et que cela touche tout le monde. On se rassure comme on peut.

Dans ce film bien trop long, on passe tout d’abord plus d’une heure à exposer les malheurs de chacun, nous montrant bien toute la misère humaine, puis la seconde partie ne consistera pas à se reprendre, mais plutôt à accepter sa condition. Bref, ne cherchez pas à devenir meilleur, apprenez à vous satisfaire du peu que la vie vous concède. Un bilan peu glorieux pour un film qui n’est visiblement pas là pour faire rêver, mais à quoi sert-il au juste ? Le film est un relativement bon tableau de notre société actuelle, mais c’est à peu près tout. On retrouvera pas mal de noms connus au générique comme Virginie Efira, Leïla Bekhti, Marina Foïs, Mélanie Doutey, Félix Moati ou encore Jonathan Zaccaï, mais le trop-plein de personnages empêche chacun de briller, et certains sont complètement délaissés, comme celui qui a inexplicablement reçu le César, d’autant qu’un physique pareil avec une telle débâcle capillaire et pilleuse nous arrachera les yeux tout du long. C’est d’ailleurs un problème touchant l’intégralité du casting : tous les acteurs se sont laissés allé dans des propensions dantesques, et la virilité est aux abonnés absents. Cela aurait pu être impressionnant si tout le film avait été tourné dans l’ordre et que durant le mois de tournage un entraînement intense aurait permit à tous de retrouver une silhouette digne de ce nom, mais la cohérence de l’entraînement ne sera pas de la partie, perdant une occasion de donner un peu d’espoir au spectateur en lui montrant que les efforts payent. Mais non, la morosité est une fatalité… Mal équilibré, trop long, rarement drôle et pas assez touchant, le film m’a profondément ennuyé, voir agacé.

Ce contenu a été publié dans Cinéma, Critiques. Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *