Fast & Furious : Hobbs & Shaw

Fast & Furious : Hobbs & Shaw
2019
David Leitch

Voici assurément l’un des plus grands drames de l’histoire des sagas : le cas de Fast & Furious. Alors que les trois premiers opus sont un concentré de fun sur fond de quête de soi, avec pour toile de fond l’univers du tuning et des courses, me procurant toujours ce même plaisir après moult visionnages, la suite m’a quelques peu refroidie malgré quelques fulgurances. À partir du quatrième volet, la saga a peu à peu effacé son univers coloré pour se concentrer sur de l’action/espionnage lambda. Un sous Mission Impossible, ayant néanmoins le mérite de ne pas se prendre trop au sérieux pour proposer des cascades invraisemblables mais cool. De fait, si j’adore le Fast Five et que je le considère comme le plus abouti, la saveur des trois premiers s’est perdue, ne se retrouvant que dans l’excellent Need for Speed, qui resta malheureusement sans suite. C’est donc avec appréhension que j’attendais ce spin-off, n’ayant définitivement plus rien à voir avec la saga d’origine. Et vu comment ce regrettable virage s’est traduit par une envolée spectaculaire au box-office, on peut définitivement oublier tout retour en arrière…

Visiblement la page méchant a été tournée pour Deckard Shaw (Jason Statham), travaillant désormais sagement pour les services secrets britanniques (ou truc du genre). Après le frère et la mère (Helen Mirren, qu’on retrouve brièvement), on découvre cette fois sa sœur (Vanessa Kirby), qui travaille aussi pour le gouvernement britannique. Elle est activement recherchée depuis qu’elle est suspectée d’avoir liquidé son équipe et dérobé un virus mortel, mais en réalité elle se l’est inoculé pour échapper à Brixton (Idris Elba), membre d’une organisation style Bilderberg qui voudrait réduire drastiquement la population mondiale pour éviter les problèmes de famine, surpopulation et trucs du genre, tout en prônant le transhumanisme. Pour lutter contre eux, Shaw va devoir faire équipe avec le gros bourru Hobbs (Dwayne Johnson) et mettre de côté leurs rancœurs passées.

À force de renier ses origines, la saga a résolument perdu son âme dans les tréfonds du blockbuster standard. Difficile de faire plus stéréotypé et banal : une organisation secrète qui veut lâcher un virus sur le monde, on connaît la rengaine depuis plus d’un demi-siècle. Le film n’arrivera jamais à innover en quoi que ce soit, à part au niveau du battage de steak. On aura rarement vu un film à ce point fini à truelle tant les ficelles sont énormes, à grand coups de coïncidences à la seconde près, écumant toutes les tares du genre, allant de la bombe sur minuterie, du rayon d’explosion au centimètre près, des fusillades miraculeuses, ou encore des méchants qui débarquent pile quand on en parle. C’est usant à souhait, et le soin apporté au montage est juste minable. On démarre une scène en pleine nuit, et en l’espace de six minutes (le temps de la minuterie) le soleil se lève et on termine en plein jour. Pire, toujours lors de la même séquence et alors qu’une minuterie est enclenchée et prouve qu’aucune ellipse supérieure à une poignée de minutes a pu être possible, on passe d’un magnifique ciel bleu à un orage terrible avec des éclairs et de la pluie à perte de vue. Avec en plus des dialogues jamais drôles et beaucoup trop longs (surtout ceux avec Ryan Reynolds et Kevin Hart), sans compter des phases d’action peu mémorables voir débiles avec les motos Transformers, on en ressort un peu dépité. Il fallait s’y attendre, mais cela faisait longtemps que je n’avais pas vu un blockbuster aussi insipide et fini à la pisse.

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