Mission Impossible – Fallout

Mission Impossible – Fallout
2018
Christopher McQuarrie

Plus une saga dure et plus le risque d’essoufflement est important. Il est en effet difficile de faire toujours plus grand ou plus fort, le public se lasse ou craint de ne rien comprendre en prenant l’histoire en route, faisant de chaque film un risque plus grand. Le cachet des acteurs a tendance à toujours monter un peu, le coût de la vie et les frais marketing explosent continuellement et il est pour ainsi dire impossible de faire une suite sans un budget supérieur, à moins d’avoir explosé les plafonds sans raison auparavant ou alors en revoyant les exigences techniques à la baisse. Pour le sixième film, et alors que l’inflation n’avait pas permis au précédent de se maintenir (faisant 12 M$ de moins pour un budget légèrement supérieur), l’ambition était là avec 178 M$ de budget. Entre une campagne marketing plus agressive que jamais, des critiques excellentes et une Chine en pleine expansion (récoltant 180 M$ sur place, avec à la clé une augmentation de 50 M$ !) le film a réussi l’impensable à une époque où pratiquement chaque suite est un naufrage : établir un record avec près de 800 M$ dans le monde, soit une différence budget / recettes équivalente au dernier James Bond, montrant que quand la qualité parle, l’allégeance du spectateur peut changer.

Plus grande menace humaine ayant pesée sur elle-même, que se passerait-il si l’arme atomique devenait à portée de main du premier terroriste venu ? Trois charges de plutonium prêt-à-emploi ont été fabriquées, et pour les différents gouvernements mondiaux il est impératif de mettre au plus vite la main dessus. Suite à un premier échec, Ethan Hunt (Tom Cruise) va devoir faire équipe avec August Walker (Henry Cavill), membre d’une CIA qui souhaite couvrir ses arrières. Ils vont devoir infiltrer une agence appelée « les apôtres », composée d’anciens agents gouvernementaux déçus par le système.

Faisons simple : allez voir le film. Ne regardez surtout pas les bandes-annonces qui vous dévoilent un retournement de situation qui n’est amorcé qu’au bout de 50 minutes et dévoilé véritablement qu’au bout de 1h30, sans oublier le fait que certaines scènes montrées se déroulent durant le dernier quart d’heure ! Souvent les bande-annonce en montrent trop mais là on atteint des sommets. La saga Mission Impossible a toujours été une valeur sûre pour les amateurs d’espionnage plus ou moins bourrin en fonction des épisodes, sans pour autant réussir à pleinement convaincre dans chaque domaine. Le meilleur compromis à ce jour était Protocole fantôme, le quatrième opus, mais ça restait assez gentillet et le scénario ne volait pas très haut. Ici sans pour autant impressionner outre mesure, l’histoire est très solide, bien amenée, claire et directe. On voyage un peu à travers le monde et il y a une foultitude de personnages entre les anciens de retour (Alec Baldwin, Simon Pegg, Rebecca Ferguson, Michelle Monaghan) et certains nouveaux (Vanessa Kirby) mais les objectifs sont bien expliqués et l’enquête progresse vite. Les enjeux sont de taille et le film s’offre quelques retournements de situation d’envergure, comme au début avec la scène de l’hôpital, l’une des plus inventives de toute la saga. Côté action malgré les 55 ans au compteur durant le tournage, Tom Cruise est au sommet de sa forme, ne reculant devant aucun défis entre des sauts et acrobaties dans le vide à haute altitude, du pilotage d’hélicoptère, de l’escalade extrême à mains nues ou encore de la course sur toits en mode yamakazi, le tout sans la moindre protection. Dans une ère du numérique où les fonds verts sont légions, offrir un tel spectacle sans le moindre effet spécial est une prouesse à saluer chaleureusement. Les fans de la saga trouveront là une suite d’envergure, ne reniant rien des précédents tout en apportant une grandeur jamais vue, et pour les nouveaux arrivés l’histoire est très accessible, donc pas de quoi bouder un spectacle pareil. Tout simplement le meilleur de la saga, et de très loin.

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