Enola Holmes


Enola Holmes
2020
Harry Bradbeer

Il me semblait que ce film avait toujours été destiné à Netflix, mais il me semble avoir entendu quelque part qu’il devait à la base sortir au cinéma, mais qu’à cause du Covid et des difficultés (impossibilités serait-on tenté de dire même vu le carnage Tenet aux Etats-Unis) de sortir un film au cinéma, Netflix aurait racheté le film. Cela en dit long déjà sur les ambitions du film, bien que le streaming puisse être parfois un eldorado à blockbuster comme l’exception Mulan l’a montré (300 M$ sur le seul sol américain, score que le film n’aurait jamais atteint en salle, alors même que cela aurait coûté cher en marketing).

On connaissait vaguement le frère de Sherlock Holmes (Henry Cavill), Mycroft (Sam Claflin), voici cette fois l’histoire d’Enola Holmes (Millie Bobby Brown), leur jeune sœur qui va elle aussi marcher dans les pas du célèbre détective. Elle vivait jusqu’à présent avec sa mère (Helena Bonham Carter), mais un beau jour elle va disparaître, laissant au dépourvu sa fille de 16 ans. Jeune femme libre et indépendante, elle va fuir à la recherche de sa mère face à la menace de son frère aîné Mycroft, voulant domestiquer la sauvageonne.

Malgré un casting alléchant, le film montre vite ses limites en terme d’ambition : on est face à sous Sherlock Holmes en mode Club des cinq, reprenant le principe de mystère à résoudre, mais avec une maladresse juvénile. Si le jeune public y trouvera son compte, pour les amateurs du dernier diptyque cinématographique ou simplement les amateurs de l’œuvre de Sir Artur Conan Doyle, la déception sera de mise. Les énigmes sont assez paraisseuses, les rebondissements n’en sont pas vraiment, et le génie du mentor – lui aussi très fainéant malgré le charisme ahurissant de son interprète – ne se ressent pas chez sa cadette. Mais le plus gros soucis de l’histoire, outre qu’on nous présente une femme libre et badass dont le rêve premier est un garçon, c’est le choix de narration. Autant dans un contexte décalé comme Deadpool, porté par un acteur aguerri, le fait de constamment briser le quatrième mur avec des regards voir des dialogues directement adressés aux spectateurs, cela peut fonctionner, mais ici l’histoire ne s’y prête guère, et l’actrice n’en a pas les épaules. L’histoire peine donc à convaincre avec une narration si bancale, et on voit mal le potentiel d’Enola quand son frère Sherlock captive tant toute l’attention à chacune des ses apparitions. L’écart de charisme est juste ahurissant. Sans être raté, le film n’est simplement pas à la hauteur des attentes, ou tout du moins les miennes, marchant dans l’ombre de précédentes adaptations autrement plus abouties.

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