Ceux qui veulent ma mort
2021
Taylor Sheridan
Avant de me renseigner pour la critique, j’étais persuadé qu’il s’agissait bêtement d’une production streaming où la seule question lors de la conception était de trouver des têtes d’affiche et quelques images tapageuses, l’intérêt étant de faire du contenu au détriment de la qualité. Mais non, non seulement ce n’était pas un film destiné aux services de streaming, mais le film est même sorti en salle lors de cette hécatombe qui aura marqué l’histoire : la réouverture des salles post-covid aux Etats-Unis en mai 2021. Une période sombre de tous les tristes records, et d’ailleurs le film avait subi la pire idée jamais exploitée et sur une longue période de près d’un an : les sorties simultanées (en l’occurrence sur HBOMax, une plateforme disponible dans très peu de pays, ce qui décuple l’effet piratage). Et en même temps, le film ne méritait pas tellement mieux.
L’histoire est ô combien classique : l’homme qui en savait trop. Comptable ayant découvert des malversations jusqu’aux plus hautes sphères, l’homme en question se fera bien abattre, mais c’était sans compter sur son petit garçon d’une dizaine d’années, ayant réussi à s’échapper dans la nature avec des données compromettantes. D’un côté deux hommes du gouvernement (Aidan Gillen et Nicholas Hoult) vont le pourchasser, et de l’autres deux sapeurs pompiers du coin (Angelina Jolie et Jon Bernthal) vont tout faire pour l’aider.
Rarement un scénario n’aura été aussi bancal… On nous explique que l’affaire menace les plus hautes sphères, que leurs moyens semblent colossaux, mais ils n’envoient que deux hommes ?! Le film lui-même y fait référence tellement c’est stupide, et rien ne vient le justifier hormis le fait « qu’il faut rester discret », alors même que ça mitraille de partout sans fermer les routes, en laissant des corps et quantité de preuves, et que – alerte spoiler qui n’en est pas un tellement on le sent venir dès la première scène sur « traumatisme des flammes » – que les deux cons vont tout faire cramer. On repassera d’ailleurs aussi sur les coïncidences de l’enfer, les ennemis plus increvables que Raspoutine, ou plus globalement tout ce qui est cohérence. La séquence du « oklm les flammes sont en dessous mais ça va il fait pas trop chaud et on respire tranquille » est assez stupéfiante, de même qu’un brasier ravageant tout mais ne faisant heureusement pas chauffer outre mesure le petit cours d’eau. Et c’est dommage, car si on pouvait passer outre un scénario si catastrophique, il persiste un sacré casting, une idée de base pas si mauvaise, un rythme maîtrisé, une réalisation de qualité et des décors franchement impressionnants. Mais rien à faire, impossible de rester concentré quand des incohérences phénoménales entachent le parcours toutes les deux minutes…