L’Appel de la forêt
2020
Chris Sanders
Roman culte de Jack London, l’œuvre a déjà été adaptée une dizaine de fois au cinéma, avec presque à chaque fois l’une des plus grandes stars de l’époque en tête d’affiche. C’est dire l’aura mythique de l’ouvrage, et cette fois ne fait pas exception, si ce n’est que les temps ont changé. Avec les évolutions technologiques, faire courir des risques énormes aux animaux (avec des morts sur nombre tournages du genre) n’est plus envisageable, faisant de fait grimper le budget ici à 125 M$, ce qui aurait été largement amorti vu le démarrage très correct, mais qui se solda par un désastre financier du fait de sa sortie historiquement catastrophique : à quelques jours des fermetures des salles pendant de longs mois pour cause de Covid. En cette période de fête propice aux films familiaux du genre, le long métrage semblait tout indiqué, mais avec un défi de taille : justifier son existence quand son histoire a déjà été adapté plus que de raison, et faire passer la pilule des animaux en effets spéciaux.
L’histoire prend place à la fin du XIXème alors que le pauvre Buck va se voir arracher à sa famille bourgeoise pour se voir attelé de force au traîneau d’un certain Perrault (Omar Sy), un postier au boulot des plus rudes puisqu’il doit traverser les terres les plus froides du Canada pour livrer le courrier sur des distances folles. Un changement de vie brutal, mais il faut contre mauvaise fortune faire bon cœur.
Contrairement à ce que l’affiche laisserait penser, non, Harrison Ford n’est pas le premier rôle, pas plus qu’Omar Sy. En vérité le film est découpé en deux parties, et chacun est le personnage secondaire principal de sa moitié, puisque le personnage principal est Buck, et les deux autres ont un temps d’écran équivalent. Il s’agit avant tout d’un chien domestique classique, qui se retrouve du jour au lendemain kidnappé puis revendu, passant de la chaleur et de la tranquillité au froid glacial, des conditions climatiques aussi rudes que primitives. Des thématiques dans le fond assez classiques sur le retour à la nature, à la vie sauvage. Peut-on retrouver son état primitif après une vie de domestication ? Est-ce un style de vie plus pur, plus en adéquation ? A l’image des hommes, tantôt bons, tantôt vils (Dan Stevens), la réponse ne sera pas manichéenne bien sûr, ce sera plutôt une question d’apprendre à aimer ce que l’on a. Un esprit très Noël en sommes, et que ce soit dans la mise en scène ou son récit, le film est très prenant. Alors bien sûr, on est encore loin d’animaux totalement bluffant, les FX restent criants notamment sur les mouvements trop brutaux ou trop fluides, l’aspect informatisé saute aux yeux, et plus globalement l’attachement émotionnel aurait été plus fort avec de vrais animaux avec un dressage forçant le respect. Mais en l’état on reste sur du bon divertissement véhiculant de belles valeurs, une ode à l’aventure comme on en voit que trop rarement.