Man on Fire
2004
Tony Scott
Considéré comme un classique du genre, le film ne m’avait pourtant laissé aucun souvenir à l’époque, mais les goûts peuvent changer avec le temps, bien que ce soit plutôt dans l’autre sens (j’ai beaucoup plus d’exemples de films que je ne sais plus apprécier avec l’âge que d’autres que j’ai appris à aimer avec le temps). Et malheureusement, qui dit classique dit moult inspirations et héritiers, dont la plupart ont ringardisé et éclipsé le modèle.
Alcoolique dépressif, Creasy (Denzel Washington) sera invité par son ancien camarade d’armée (Christopher Walken) à Mexico où un couple de bourgeois (incluant Radha Mitchell) souhaite faire appel à un homme compétent pour assurer la sécurité de leur fille (Dakota Fanning). Après quelques mois de tranquillité à retrouver goût à la vie et à s’attacher à la petite, cette dernière sera justement ciblée par des kidnappeurs, mais face à la complicité de ripoux et un trop grand nombre de ravisseurs, Creasy va échouer dans sa mission. Se réveillant quelques jours plus tard suite à ses blessures lors de l’agression, il va découvrir horrifié que l’échange de rançon s’est mal passé et la petite a été tuée. Il n’aura alors plus qu’une idée en tête : déchaîner toute sa rage, torturer et massacrer chaque personne un tant soit peu responsable de la tragédie.
Le film est des plus mal équilibré. Le début est assez laborieux, voir ennuyeux en dehors de l’amitié naissante entre l’ancien soldat ravagé et la jeune fille pétillante. Il faudra pratiquement une heure entière pour que le « man » devienne « on fire », mais le film n’a alors plus aucun but. La vengeance ? A quoi bon si la fille est déjà morte ? Bien que la maladresse de la mise en scène qui passe sous silence ses enjeux les plus importants ne laisse que peu de place au doute, à moins d’une écriture vraiment lamentable. Alors oui, comme le film a prit beaucoup de temps pour instaurer l’attachement de Creasy et la fille, ses motivations sont légitimes, et on prend un certain plaisir à voir un homme dévasté qui n’a plus rien à perdre se lancer à corps perdu dans une chasse à l’homme expiatrice. Le film n’hésite pas à montrer une grande violence, mais impossible de ne pas penser à Taken tout du long tant la comparaison fait mal : 1h30 archi condensées, une bouffée d’adrénaline maximale avec une générosité sans pareille sur l’action, la tension, avec un but, pas une simple vengeance étalée sur pratiquement 2h30. Et pour ce qui est de l’horreur de Mexico, on a vu tellement pire dans Sound of Freedom que du simple kidnapping, avec tout juste quelques à côté mentionnés, qu’on aura du mal à sentir l’urgence de détruire le système. Il est d’ailleurs comique que de constater un remerciement à la ville de Mexico tant l’image qui en est faite dans ce film et dans le paysage cinématographique en général nous ramène inlassablement au trafic d’argent, de drogue, de personnes, avec toujours une misère omniprésente et des forces de l’ordre pourries jusqu’à la moëlle. Amusant également que le film ait choisi ce lieu plutôt que l’Italie – comme c’était le cas dans le roman d’origine – pour des raisons « d’originalité » tant avec le temps c’est devenu un cliché plus répandu encore.
Même en admettant que le film ait été un précurseur dans le genre, et en essayant de faire abstraction de tous ceux qui l’ont allégrement surpassé par la suite, le bilan reste très mitigé. Une introduction bien trop longue, des enjeux vite balayés, une vengeance dénuée de tout enjeu, pesant sur une écriture qui ne pouvait être que mauvaise (prévisible ou atroce). Quelques effets de réalisation sympathiques, une violence assez décomplexée et une forme de satisfaction de justice, mais ça reste un peu trop léger. Une histoire plate, trop de soucis de rythme et surtout une écriture problématique. Même avec toute la meilleure volonté du monde, c’est juste mauvais.