Westworld


Westworld
2016-2022
Jonathan Nolan & Lisa Joy

Monument de la SF parmi les séries, et plus globalement monument culturel, Westwolrd est peut-être l’œuvre la plus intelligente et brillante jamais paru, tout simplement. Alors que depuis novembre 2022 la série est officiellement annulée faute d’audience justifiant l’un des plus gros budget de tous les temps, l’espoir reste permis pour voir un jour l’ultime saison, ou peut-être un film de conclusion puisqu’il se murmure que Amazon pourrait racheter la série et lui offrir la fin tant attendue, ce qui ferait sens puisque les créateurs y ont lancé avec succès une série événement sur Fallout. En attendant, revenons sur cette adaptation en série du concept de Mondwest, diptyque de films sortis dans les années 70 et écrit par Michael Crichton, l’écrivain à qui l’on doit notamment Jurassic Park.

Le concept est aussi fou que libérateur : proposer un parc où tout est permis, sans la moindre conséquence pour la vie en dehors, permettait à ceux qui en ont les moyens (40 000 $ par jour tout de même) de laisser libre cours à leurs plus bas instincts. Et quoi de mieux pour symboliser ça que le Far West ?

Nous sommes donc dans un futur assez lointain (mais de moins en moins) où une société a construit un immense parc sur le thème du Far West, construisant villages, des scénarios, mais surtout des robots, indiscernables des humains, là pour satisfaire le public, que ce soit pour servir de chair à canon pour les tueurs refoulés, de chair fraîche pour les frustrés, ou pour servir d’acolytes pour de grandes aventures pour les amateurs de sensations fortes. Qui paye est maître du monde, ayant le droit de vie ou de mort sur quiconque (robot s’entend bien) croisant son chemin, pouvant égorger ou violer qui bon lui semble. Une expérience cathartique où l’on suivra ceux en charge, comme les participants ou les victimes. Pour la gestion du parc, on retrouvera donc l’énigmatique créateur du parc, Robert Ford (Anthony Hopkins), le chargé de comportement des hôtes, Bernard (Jeffrey Wright), la superviseuse Virginia (Sidse Babett Knudsen), le scénariste Lee Sizemore (Simon Quarterman), et le responsable de la sécurité Stubbs (Luke Hemsworth). Pour les participants, la première saison s’axera sur la quête du labyrinthe pour un mystérieux homme en noir (Ed Harris), de même que le dépucelage du parc et de la vie en général pour William (Jimmi Simpson), amené par son beau-frère Logan (Ben Barnes) en guise d’enterrement de vie de jeune garçon puisque le premier s’apprête à se marier avec la sœur du second. Côté robots du parc, on suivra principalement Dolores (Evan Rachel Wood), tout premier hôte créé, qui commence à remettre en cause sa réalité ; Maeve (Thandie Newton), tenancière de la maison close du hub central, dont le reboot de la mémoire aura de plus en plus de ratés ; ou encore Teddy (James Marsden), l’aspirant de Dolores, pris au milieu de changements qui le dépassent.

Si le générique montrant l’impression 3D des corps des hôtes avec la musique solennelle mi épique mi angoissante de Ramin Djawadi met une claque d’emblée, la première saison pose les bases dès le premier épisode avec un brio sans commune mesure, imposant le thème de réflexion global : remettre en cause la nature de la réalité, et avec la notion même de conscience. Et ce qui est remarquable c’est que chaque situation, chaque personnage est une pièce d’un puzzle fascinant et brillant où tout est d’une importance cruciale, nous embarquant d’emblée dans une histoire si complexe qu’il est vain d’essayer de tout comprendre en cours de route, mais si parfaitement exécutée que tout est limpide une fois le fin mot donné. Le parc est une expérience ultime révélant la nature profonde de chacun, et c’est aussi jouissif à suivre, à en comprendre le fonctionnement, les dessous, que de s’imaginer vivre soi-même cette expérience. On pourrait arguer que le montage est vicieux, liant des événements non corrélés de façon détournée, mais c’est là encore une façon exceptionnelle de faire avancer le récit de manière fluide, tout en cachant certaines vérités dont l’impact sera décuplé le moment venu. Le génie du timing à son paroxysme. Le rythme s’accélère progressivement à mesure que le mystère s’intensifie ou que la narration se retrouve bouleversée, comme avec la première claque monumentale en fin d’épisode 7 avec le fameux « it doesn’t looks like anything to me », ou la maestria du set-up pay-off. Et déjà l’on voudrait tout revoir avec ce changement de point de vue, sans savoir que cette pierre colossale n’est qu’un grain de sable d’un univers à la richesse insondable. Les premiers éléments concrets pour mieux comprendre l’ensemble se dessinent avec le huitième épisode, où la limpidité fait place à l’évidence jusqu’à un final aussi craint qu’attendu : « this violent delights have violent ends ». On retient son souffle tout du long, autant ébloui par tous les éléments se recoupant qu’abasourdi par l’immensité de la réflexion philosophique, tant sur l’humanité que la vie en général. Ce n’est plus du divertissement mais une leçon de vie.

Saison 1 :

Peut-on se réinventer après une telle claque que cette première saison, qui aura su exposer avec brio un casting désormais reconnu ? La seconde saison redouble à nouveau d’ingéniosité sur la narration, avec tellement de points de vues et de timelines qu’il serait impossible de tout citer entre le passé de Dolores et Arnold, celui de William et les différents groupes un peu partout dans le parc, que ce soit en terme d’espace que de temps. Mais il s’agit là de sous intrigues, toutes mêlées à un concept bien connu mais brillamment exécuté ici : le narrateur non fiable, en l’occurrence Bernard. Blessé à la tête et ayant certains types de problèmes que l’on ne pourrait aborder sans dévoiler d’éléments majeurs, il ne sait plus toujours ni où ni quand il se trouve, amenant là encore un montage des événements complètement frauduleux, un casse-tête encore plus sournois, et donc ô combien jouissif à suivre tant notre cerveau est en ébullition, cherchant le moindre indice sur lequel spéculer. Outre le chef de l’escouade de sauvetage (Gustaf Skarsgard), cette seconde saison introduira surtout le personnage de Davos père (Peter Mullan), avec le but caché du parc et le fameux test de « fidélité », amenant un nouveau niveau de profondeur dans la réflexion philosophique globale de la série. A noter le caméo mémorable de Giancarlo Esposito, venant ponctuer la quête de vérité, nous contant la bien belle leçon de l’éléphant. On aura également la confirmation que le parc ne se limite pas à l’expérience du Far West, découvrant une version japon féodale (avec Hiroyuki Sanada) et une version Inde coloniale (avec la fille de William) avec notre imagination pour seule limite.

Pas autant de montée en puissance ou de folles révélations allant crescendo, le niveau sera maximal d’emblée, mais il faut bien admettre que la parenthèse de l’épisode 8 est assez monumentale, un quasi film à part entière sur un indien s’éveillant d’un long sommeil. Point d’aller-retour dans le temps, d’histoires dans tous les sens, juste un moment suspendu, plein de poésie. Prodigieux. Néanmoins, il faut bien reconnaître que le déroulé est bien moins surprenant que la première saison, plus frontal puisqu’en réalité l’ordre des événements est exactement ce qu’il semble être (dans le désordre, mais limpide). La seule question des derniers épisodes est de savoir quels légers twists viendront éclaircir ce qui paraient être des incohérences, mais qui seront bien justifiés au final. On se régalera aussi, outre les flashbacks, des astuces narratives pour ramener Ford (Anthony Hopkins) et surtout Logan (Ben Barnes) dont chacune de ses trop rares apparition est un moment d’anthologie. La bibliothèque et le « trop complexe » sera d’un niveau non moins marquant que la voix intérieure, prouvant le degré de perfection de la vision d’ensemble et le souci ahurissant du détail. The « Valley Beyond » sera l’occasion de si grands frissons, et mention spéciale à James Marsden qui incarne Teddy, dont la carrière n’est dans l’ensemble pas franchement éblouissante, mais qui livre décidément la prestation de sa vie. On pourrait arguer que la fin ouvre encore plus de portes qu’elle n’en ferme, faisant craindre de se noyer dans une richesse trop insondable, mais c’est aussi ça la force de la série : nous offrir un spectacle challengeant pour notre esprit. L’ivresse des débuts reste pratiquement intacte, et avec le recul cette seconde saison est probablement plus aboutie encore que la première.

Saison 2 :


C’était il y a seulement quatre ans, mais le souvenir était assez vague (du fait aussi d’avoir revu deux fois les deux premières, et jamais cette troisième), et il est vrai que les saisons 1 et 2 étaient dans la parfaite même continuité, se déroulant exclusivement au parc en dehors de quelques flashbacks, donc le fait de quitter ce cocon était effrayant en quelque sorte. Mais le rejet fut assez massif malgré tellement de bons points : le piédestal fut brisé, la perfection n’était plus atteinte, et plus haut est le sommet, plus lourde est la chute. Bijoux de complexité et d’ingéniosité avec ce monde aussi fictif et imprégné de vie, comme les hôtes, les deux premières saisons faisaient preuve d’une immense maîtrise narrative, et passer à une histoire linéaire, sans rien pour agrémenter l’expérience, c’était une source inévitable de déception. Le temps a passé, et sachant à quoi s’attendre, peut-on apprécier à la même hauteur cette suite ? Non, et la chute est définitivement rude.

Plus que jamais, l’histoire se focalise cette fois autour de Dolores, qui a donc réussi à quitter le parc, bien décidée de s’assurer de la sécurité des hôtes dans leur paradis. Mais effectivement, le reste du monde n’est clairement pas prêt à accepter l’existence d’hôtes éveillés et conscients, et une entité appelée Incite, dirigée dans l’ombre par un certain Serac (Vincent Cassel), veut mettre un terme à leur existence, ou alors les expulser dans une autre réalité totalement déconnectée de la leur. Il recrutera dans cet objectif Maeve, qui fera donc un pacte avec le diable pour retrouver sa fille. En parallèle, William tentera de refaire surface malgré les événements du parc et sa déconnexion avec la réalité, Chalotte / Dolores turbo apprendra à aimer une famille qui n’est pas la sienne, un certain Caleb Nichols (Aaron Paul) sera recruté par Dolores pour l’aider dans son plan, et enfin Bernard et Stubbs sont en vadrouille. Pas grand chose à dire sur le duo, très sympathique, mais totalement vide : toujours avec deux trains de retard, leur histoire restera toujours déconnectée des autres, ou les coupera brièvement pour aucun but, si ce n’est teaser la suite avec un voyage spirituel dont on ne saura rien. Mais dans les faits, toute leur intrigue n’apporte absolument rien à la saison, le délire schizophrène est poussif malgré tout le talent de son interprète, et c’est là l’un des gros point noir de cette saison.

Outre le fait qu’une fois passé l’admiration pour les nouvelles technologies et designs qui définissent cette vision du futur, somme toute assez cohérent et réaliste, le traitement laisse à désirer, surtout d’un point de vue philosophique, qui était pourtant jusqu’alors l’un des points les plus réussis. On nous explique que l’humanité est condamnée, mais que grâce à une succession de décisions liberticides, une IA, Réhoboam, a réussi à sauver la Terre entière de l’extinction et garanti une paix globale. Merveilleux ! Non, visiblement l’humain est un éternel insatisfait, il faudrait que tout le monde croule sous l’argent, la moindre personne en dessous d’un certain niveau serait une hérésie. Admettons, mais comment une espèce robotique pourrait valider cette vision communiste, sachant que le retour d’un libre-arbitre total (illusoire quand quasiment tout est joué à la naissance) impliquerait la fin de toute vie ? C’est stupide, et cela rend le personnage si charismatique d’Enguerand Serac si décevant : il n’est en rien un « méchant », son idéal est le plus juste.

On pourra aussi se montrer quelque peu déçu du traitement global de la saison, perdant toute l’ingéniosité des précédentes. Les histoires sont plus anarchiques, moins subtilement et magnifiquement entremêlées, et surtout la narration est totalement linéaire, aucun artifice ou idée folle pour renverser nos convictions à quelque moment que ce soit. Même les flashbacks autour du personnage de Caleb sont bidons, sans vrai enjeu ni révélation tonitruante, juste plat. Et à ce propos, Aaron Paul est assez décevant dans son rôle, faisant clairement tâche aux côtés des piliers de la série qui ont tant prouvé. C’est quand la série retourne dans de la fiction, dans une espèce de parc comme aux débuts, avec cette fois-ci une révolution française en pleine Seconde Guerre Mondiale, qu’elle retrouve toute sa brillance. Il est vrai que Maeve, Hector et Lee sont des plus attachants, mais la production vallues y est nettement supérieure, et le côté corrompu et nihiliste du futur ne fait pas rêver. Alors oui, la série est toujours très ambitieuse, quelques thèmes abordés font mouche, comme la crise identitaire de Charlotte absolument brillante, et on garde l’attachement émotionnel aux personnages, mais entre une narration trop linéaire (sacrifiée à cause de ceux se plaignant de la complexité ?) et une réflexion soit incomplète soit bancale, l’émerveillement s’estompe. On reste sur du haut niveau, mais la différence est plus que sensible, pour ne pas dire préoccupante.

Saison 3 :

Pour ce qui restera probablement à jamais la dernière saison malgré la volonté première de faire six saisons, puis cinq au vu de la popularité stagnante de la série, l’espoir était de mise tant les retours étaient bien meilleurs. Et il faut dire que d’emblée ce qui a fait la sève et le succès des deux premières saisons resplendi une fois de plus : la complexité. Les théories fusent à mesure que notre cerveau entre en ébullition, s’imaginant de multiples scénarios, qui se valideront ou surtout non. On retrouvera sept ans plus tard Maeve et Caleb, continuant à lutter contre Charlotte et sa nouvelle armée, qui a d’ailleurs trouvé un nouveau moyen pour arriver à ses fins avec un agent pathogène pour contrôler les humains, ou quand les rôles se retrouvent inversés. On suivra aussi Dolores, ou du moins ce qu’on pense être le noyau de celle qui avait lancé l’assaut sur Réhoboam, dans ce qui semble logiquement être une simulation, volontaire ou non, puisque Teddy – normalement dans l’autre monde – passera une tête dans le premier épisode, avant de revenir dans le quatrième épisode, amenant plus de questions que de réponses quand à la chronologie réelle des événements. Un casse-tête si réjouissant, à l’image du tandem Bernard / Stubbs dont le premier a semble-t-il vu toutes les réalités à venir en les simulant dans la « valley beyond », lui conférant un savoir proche de l’omniscience la plus spectaculaire. Enfin ! Et petite cerise sur le gâteau, les choses ne sont pas toujours ce qu’elles semblent être, amenant un sacré plaisir lors des révélations.

Tout n’est pas revenu comme à l’âge d’or néanmoins, le nouveau parc est une fausse bonne idée, singeant à nouveau sans la découverte frauduleuse de la seconde saison avec le parc samouraï plagiant honteusement le western. Et que dire de l’escapade de Caleb et Maeve là bas ? Un beau gâchis, et rappelons le, le test de fidélité est une arnaque : un mort restera mort, et ce n’est pas une machine qui pourra le remplacer. Vis-à-vis des autres, potentiellement, mais vis-à-vis de l’humain mort, personne ne peut croire une seconde qu’une copie numérique pourrait capter l’âme du défunt, clairement pas concerné par une enveloppe corporelle factice. Et c’est d’ailleurs l’un des gros soucis de la philosophie développée par la série en général, que ce soit le test de fidélité ou le principe de se rappeler : l’individu premier est mort, fin du débat. Les enjeux s’en retrouvent amoindris, et on a du mal à comprendre certains choix, que ce soit le traitement de Caleb, inutile au possible malgré un vrai gap de jeu, devenant bien plus crédible de l’autre côté, ou surtout William. Quel intérêt de le garder en vie ? Tout ça n’apporte rien, et que ce soit du point de vue du spectateur ou des hôtes en eux-mêmes, l’association identitaire est un non sens.

En prenant un peu de recul, malgré toutes les bonnes idées, le constat est assez alarmant. Au final l’omniscience de Bernard trouve très vite des limites et n’aide pas vraiment, tout le nouveau monde est un immense gâchis, aucun camp n’y trouve son compte, et la boucherie finale est bien amère… Pourquoi avoir ramené Maeve d’ailleurs ? Alors que la construction temporelle de cette dernière saison est enfin au niveau des deux premières, que l’ambition visuelle est monumentale, avec des décors fous, des designs incroyables et un travail sur le son ahurissant, le nihilisme de l’ensemble est terrible. Surtout que le retour de Dolores n’en est pas un, c’est encore du souvenir, et on ne voit pas en quoi son plan pourrait apporter quoi que ce soit s’il ne reste personne. Les parcs rappelaient les péchés des hommes, leurs bas instincts, avec donc tout ce qui est plaisirs allant avec. La série s’est par la suite perdue, sombrant dans un fatalisme morbide, saccageant son propre univers, ses personnages, sans la moindre finalité. Oui, la fin apporte quelques frissons, mais ce sont surtout ceux des souvenirs des deux premières saisons, qui gardaient cet espoir de rébellion mêlé à une cohabitation / alliance, oublié en cours de route. Le savoir-faire est indéniable, le casting toujours impeccable et la production n’a pas lésiné sur les moyens, mais l’histoire est parti dans une direction trop sombre, trop fataliste voir détestable.

Saison 4 :

Peut-être est-ce une impression personnelle, mais j’ai le sentiment que l’histoire s’est perdue en cours de route, surtout en fin de saison 3 et 4, dans la conclusion de leurs arcs narratifs. L’idée était peut-être ancrée comme à ce point nihiliste d’emblée, mais son évolution m’a profondément déçu, et la sortie du parc a marqué le début de la fin malgré des idées de design, tant visuelles que sonores, absolument dingues. Y aura-t-il un jour une conclusion à cette histoire ? Saura t-elle me réconcilier avec la série dans son ensemble ? Les créateurs ont encore affirmé en avril 2024 que la fin se fera un jour, potentiellement grâce à Amazon et l’immense succès de la série Fallout, mais il faut rappeler que si Jonathan Nolan la réalise, il n’en est pas l’auteur, et sa femme n’a aucune participation au projet, donc l’impact de son succès n’aura probablement aucune incidence. L’envie d’offrir une conclusion à la série n’a donc que peu de chances d’arriver, et vu la direction de l’ensemble, ce n’est peut-être pas tant un mal, même si je resterais curieux de voir si la lumière se trouvait au bout du tunnel. Un jour peut-être, mais en attendant je garderais précieusement mes souvenirs des deux premières saisons au parc, l’une des expériences les plus enrichissantes et mémorable de ma vie de cinéphile.

Et soudain l’illumination. Alors que j’ai à nouveau dévoré les deux premières saisons en seulement dix jours, puis plus de deux semaines pour revoir la troisième, la découverte de la quatrième fut compliquée. Le choc de fin d’épisode 4 m’a prit deux semaines à être digéré, pareil pour la direction prise avec l’épisode 5, donc j’ai mis au final plus de deux mois à regarder la dernière saison. Après avoir laissé un peu de temps à l’ensemble pour maturer, j’ai eu plusieurs théories, et j’ai en quelques sorte fait mon « Sublime » dans mon esprit, analysant toutes les convergences possibles, ce que le fameux « test final » pourrait donner. Et oui, il y a définitivement une possibilité, applicable d’emblée même : et si tout se passait depuis les prémices dans l’esprit de Dolores ? Et si elle avait absolument tout calculé dès le début ? Après tout, son test final vise à se rappeler, donc il est probable qu’on aurait revu toutes les têtes connues, et le but aurait été de trouver un chemin de rédemption pour l’humanité où les péchés n’aurait pas poussé les hôtes à devenir hostiles, puis renverser carrément la situation par la suite.

J’imagine alors que toutes les quatre première saisons auront été une projection brute du cours des choses, et que le test visera à déterminer quels choix apporter au monde pour en éviter une telle issue. Car après tout, le parc aura été un des éléments clés, montrant le pire de l’humanité aux hôtes, donc on peut imaginer une version plus réaliste, moins toxique du parc, où le meurtre est jugé avec la même sévérité qu’en dehors, que ce soit pour les humains ou les hôtes, et que le but sera le dépaysement, retrouver des valeurs d’antan, des missions scénarisées : de la quête d’aventure, mais sans la violence, le meurtre ou les viols. Relations, potentiellement oui, mais consenties. Et en voyant que cela peut marcher, Dolores se réveillera, en compagnie de nulle autre que Arnold, puisque tout cela aura été une projection remontant à aussi loin. Un twist colossal qui pourrait survenir en toute fin d’avant-dernier épisode, laissant un dernier pour montrer ce que devient le parc, le monde, avec cette cohabitation pacifique et épanouissante pour tous. Cela rendrait les morts gâchées de la dernière saison moins frustrantes, car la résultante de la pire version possible de notre futur, avec à la clé un message beau et fort : ne pas céder à la fatalité, il faut savoir changer les choses à temps et œuvrer pour un monde meilleur. Voilà qui réhabiliterait fortement l’intérêt des saisons 3 et 4, sorte de transition obligatoire, visite au purgatoire, avant le réveil final. A défaut d’une vraie fin, c’est donc la voie que je choisi de croire, car elle ferait sens avec le mantra de l’héroïne : « I choose to see beauty », refusant de céder face à la noirceur du monde pour se concentrer sur ce qui en fait la beauté.

Ce contenu a été publié dans Critiques, Série. Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *