Cocorico


Cocorico
2024
Julien Hervé

On aurait pu croire à une mauvaise blague, et il fallait le voir pour le croire. Très souvent tous les deux cantonnés à des rôles de vieux réac dans des films de bons bobos conservateurs, les têtes d’affiche sont pour la première fois réunis ensemble, avec un film au nom bien français et au sujet dont on peine à croire qu’il fasse l’objet d’un film aujourd’hui : le test ADN pour découvrir « ses origines », une énorme arnaque au fondement scientifique inexistant, effet de mode aussitôt sorti aussitôt oublié, qu’on pensait enterré depuis des années, voir une décennie complète presque.

On trouve toujours plus gros poisson. Fier concessionnaire que 99% des gens jalouseraient entre son train de vie aisé, son énorme maison et sa voiture flambant neuve, Gérard (Didier Bourdon) et son épouse (Sylvie Testud) font bien pale figure face aux parents de la fiancée de leurs fils : Frédéric Bouvier-Sauvage (Christian Clavier) et sa femme (Marianne Denicourt) sont ducs du plus grand domaine d’Aquitaine, châtelains n’ayant rien à envier aux rois d’antan. Pour animer la rencontre, leur fille va avoir l’idée de proposer à tous un test ADN fait en cachette, loin de se douter que cela aller remettre en cause tous leurs fondements.

Face à un casting presque parodique tant les compères incarnent inlassablement les mêmes vieux bougons bourgeois, un concept qui sent fort la naphtaline tant l’arnaque des tests ADN est retombé comme un soufflet, mais aussi l’étonnant succès commercial, établi sur la durée avec un maintient excellent, je nourrissais l’espoir d’un petit miracle à la Qu’est-ce qu’on a fait au bon Dieu ? qui arrivait à faire rire et se montrait très efficace dans l’ensemble. Malheureusement, rien de comparable ici, et malgré un début assez prometteur avec un snobisme et un jeu de petites piques assassines assez jouissives, le film met trop de temps à démarrer, tournant bien trop longtemps autour du pot, pour un résultat proche de la catastrophe. Rien n’est crédible, ni les engueulades exacerbées, ni les réactions démesurées. Sérieusement, qui en a quelque chose à faire de ses origines en 2024 ? Surtout s’il s’agit d’arrières grands-parents qu’ils n’ont jamais côtoyé. Certes, l’exagération peut être un ressort comique, mais là ça en devient juste lourd et incohérent. Autant un snobisme outrageant comme au début, j’y crois fort, autant la lourdeur de blagues tournant vite en rond, et surtout le brutal changement de personnalité juste pour des chiffres dénués de sens sur un papier stupide, ça me sort complètement. En vrai il n’y avait probablement pas grand chose d’intéressant à en faire, et on ne retiendra que deux vieux privilégiés en surpoids, accompagnés de femmes sveltes et ayant toutes deux une quinzaine d’années de moins (au point d’avoir autant d’écart avec leurs maris que leurs enfants), se gueulant dessus dans un château d’une splendeur incroyable.

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