La Femme à la fenêtre
2021
Joe Wright
D’abord prévu en salle puis sacrifié sur Netflix pendant la crise du Covid, le film m’avait fait de l’oeil à son annonce entre son prestigieux casting et son statut d’héritier de films comme Fenêtre sur cour ou Paranoïak. Si le premier des deux n’évoque pour moi qu’ennui et incompétence technique, avec un scénario foncièrement raté, la seconde version transformait brillamment l’essai et reste 17 ans plus tard un must du genre. Mais voilà, face à des cinémas rouvrant avec pléthore de films repoussés depuis des années, et surtout des critiques assassines, j’étais finalement passé à côté, à raison.
Souffrant d’agoraphobie aiguë suite à un traumatisme, Anna (Amy Adams) reste cloîtrée chez elle depuis, n’ayant comme seuls contacts son chat, son psy et l’homme (Wyatt Russell) qui loue le sous-sol de sa maison. Pour s’occuper, elle regarde souvent par la fenêtre, d’autant que de nouveaux voisins viennent tout juste de s’installer en face : les Russell. Et justement, un soir elle va croire assister au meurtre de la femme, Jane (Julianne Moore), avec qui elle avait récemment sympathiser après que cette dernière soit venu se présenter au voisinage, par son mari (Gary Oldman). Mais quand la police va débarquer (Brian Tyree Henry), rien à signaler en face, Jane Russell (Jennifer Jason Leigh) va très bien. Mais qui était donc la femme se faisant passer pour elle et que s’est-il passé ?
Au moins, contrairement à Fenêtre sur cour, le prétexte à avoir un quasi huis clos à espionner ses voisins tient la route, l’agoraphobie étant plus légitime que la fainéantise, même si on sera très loin de la pertinence et de l’intelligence d’un Paranoïak qui fourmillait d’idées autour de la résidence surveillée. Malheureusement, c’est à peu près le seul point vraiment bon qu’on pourra souligner, car le reste est tellement prévisible que c’en sera usant. Entre rebondissements qui n’en sont pas comme le mari (Anthony Mackie) ou ce que la femme a cru voir à la fenêtre, avec un pseudo suspens sur son état mental avec les médicaments et l’alcool, on suit tout cela d’un œil distrait, pour ne pas dire blasé. Le rythme est mou, le fusil de tchekhov est grossier, et le seul retournement un tant soit peu inattendu est gâché par une scène en trop grand décalage sur un des personnages que le manège ne prend plus. Malgré tout le prestige du casting et le concept au grand potentiel que peut avoir ce genre d’histoire, on sent une écriture d’un niveau d’un étudiant en première année fait par dessus la jambe, écumant tous les pires poncifs avec une maladresse terrible.