Joker : Folie à Deux


Joker : Folie à Deux
2024
Todd Phillips

Voilà qui devait assurément être l’un des temps forts de l’année cinématographique 2024, et elle le fut largement, mais à l’opposé totale des attentes. Alors que le premier film compte parmi les projets les plus rentables de l’histoire, 55 M$ de budget pour près d’un milliard au box-office mondial, avec des critiques dithyrambiques, l’annonce d’une suite plus folle, prenant place dans le célèbre asyle d’Arkham, reformant le duo avec Harley Quinn, c’était une réussite assurée, ou presque. Contre toutes attentes, la campagne marketing fut presque timide, cachant d’ailleurs un côté « comédie musicale » surprise, et la sortie alla de mal en pire, dans des propensions absolument historiques. Des préventes US à 7M$, laissant entendre du 60-70 M$ sur le weekend, peut-être à peine 200 M$, contre 335 M$ pour Joker. Puis 20 M$ le premier jour, laissant craindre du 55 M$ sur le weekend, 150 M$ en fin de carrière. Puis un résultat provisoire annoncé à un abyssal 40 M$, soit l’un des pires maintient jamais vu, avant que le résultat final s’avère finalement de 37 M$, soit bien un record de fuite des spectateurs. De là les pronostiques s’affolèrent, laissant entendre une chute de peut-être 70% par rapport au premier film avec moins de 100 M$. Et rien ne pouvait nous préparer au verdict final : 58 M$ en fin de carrière, soit une baisse de 83%, et le reste du monde n’a pas arrangé grand chose. En France le score a été divisé par 7, à l’image d’un peu partout ailleurs, pour seulement 206 M$ au total, donc moins de 80 M$ après frais de distribution, pour du 190 M$ de budget hors promo. On parle de 150 M$ de pertes, ce qui est absolument délirant. Que s’est-il passé ?

L’histoire prend place peu après l’arrestation d’Arthur Fleck (Joaquin Phoenix), désormais connu comme le Joker, la voix du peuple face à un monde qui part en vrille, et dont il a été désigné malgré lui comme le représentant de cette folie grandissante, ayant vocation à faire éclater le système. Vraiment ? Pour lui pas du tout, n’étant qu’un minable ayant craqué sous la pression de sa vie pathétique, mais pour plaire à une autre internée, Harley Quinzel (Lady Gaga), il va devoir renfiler son costume de clown.

Après avoir vu le bon mais surcoté Joker, j’attendais de voir enfin le personnage dudit Joker exploser, devenir vraiment ce psychopathe si dangereux qu’on aime craindre. Mais non, au contraire même, cette suite va entretenir et développer cette image de minable persécuté, en le faisant être un martyr contre sa propre volonté, une réalité alternative où le Joker se refuse de devenir cet antagoniste fou, semant le chaos dans tout Gotham. Une sacrée frustration pour tous les fans de comics, mais ça n’en fait pas un mauvais film. En revanche, faire d’Harley Quinn une groupie sans autre personnalité que la fascination toxique, ça c’est déjà plus problématique. De même, on tient là une légère revanche face aux plans contrariés du troisième opus du Dark Knight, voulant faire du procès du Joker son pivot central, mais le résultat est une vaste fumisterie, aussi peu drôle que les blagues du looser Arthur, sans avoir le moindre rebondissement au jeu de joute oratoire à nous servir. Reste ensuite le style comédie musicale, un ratage, tout simplement. Les chansons sont nulles, hors de propos, mal amenées, et Joaquin Phoenix dénote bien trop à côté de Lady Gaga. Et mon dieu le rythme… C’est lent, la réécriture du mythe est une trahison, pour un résultat ennuyeux, et le côté musical, pas déconnant non plus par rapport à la folie dépeinte, est raté. Au passage, c’est quoi ce bordel ? 190 M$ pour trois décors basiques, aucun effet spéciaux ni la moindre séquence d’action ? C’est grave de se gaver comme ça, ça se voit bien trop que l’argent n’a pas été utilisé devant la caméra… Un ratage qui reste amusant : une suite pas très utile, purement mercantile, qui se transforme en gouffre financier terrible. Cheh !

Ce contenu a été publié dans Cinéma, Critiques. Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *