La Planète des Singes : Le Nouveau Royaume
2024
Wes Ball
Alors qu’on pensait la saga à nouveau endormie après la très bonne trilogie sortie entre 2011 et 2017, le rachat de la Fox par Disney en a décidé autrement, souhaitant capitaliser sur une autre franchise à l’aura culte. Pour ma part, j’étais tiraillé entre excitation à l’idée de voir Wes Ball à la tête d’un si gros budget tant il avait su insuffler une grandeur bien au delà des modestes productions que furent la trilogie du Labyrinthe, mais avec une crainte de lassitude puisque la chronologie allait une troisième fois nous embarquer dans un futur dominé par les singes, comme dans le roman de Pierre Boule. Une histoire déjà vue dans une version réinventée et désormais culte de 1958, mais également dans une version très fidèle au roman de base en 2001 avec encore ce savoir-faire en matière de maquillages et costumes. L’air du tout digital peut-il réinventer la formule avec une troisième réalité alternative de la même histoire ? Pas tellement.
L’histoire reprend quelques centaines d’années après les évènements de Suprématie, tandis que les singes ont légèrement évolué, au contraire des hommes dont le virus a progressivement ôté la parole. Fils du chef du village des fauconniers, Noa va un jour faire la rencontre d’une écho (humaine, incarnée par Freya Allan), et avec elle va arriver une terrible menace : Proximus, un chef belliqueux souhaitant asservir tout le monde.
L’originalité du film se situe dans son choix d’ellipse temporelle : au lieu de faire un grand saut pour des changements drastiques, on ne va que quelques centaines d’années dans le futur. Résultat ? Les singes sont plus primaires que des humains basiques, ils ne savent ni lire, ni écrire, à peine parler, et les traces de la civilisation sont encore fraiches. Cela donne lieu à une vision d’une Terre ayant entamé son retour à la nature sauvage, mais aux vestiges encore fumant. Par contre, niveau narration c’est le désert quasi absolu : les singes n’ont fait pratiquement aucun progrès, et la menace des hommes semble encore frêle, même moins notable que dans Le Secret de la Planète des Singes puisque leur faible nombre était contrebalancé par leurs prouesses mentales. Les singes ne valent pas mieux que les hommes ? Le souci est la civilisation, pas les citoyens ? Des thématiques usées jusqu’à la moelle et que ce film peine à faire exister.
Reste alors l’aspect visuel, étrangement décevant. Les décors sont assez beaux, mais sonnent parfois faux, mais jamais autant que les singes. Qu’il est loin le temps des maquillages sidérants de réalisme, ou des effets spéciaux bluffant de L’affrontement. Leur posture bipède primitive n’est guère crédible, et que ce soit leurs textures, leurs poils, leur place dans l’environnement, on a souvent cette non suspension d’incrédulité. Sans parler de ratage, on reste globalement dans de l’indigestion de FX qui nous font regretter le temps où les artistes travaillaient loin des ordinateurs. Côté spectacle, rien de très spectaculaire, quelques scènes d’action convenues qui assurent tout juste du divertissement correct. Le fait que cet épisode soit le premier d’une nouvelle trilogie n’a rien de très enthousiasmant, on repart sur de bien fragiles bases.