Hunger
2023
Sitisiri Mongkolsiri
Nouvelle tentative avec le cinéma thaïlandais après le très perturbant Ghost Lab qui me provoque encore des cauchemars tant il était allé bien trop loin dans la violence tant physique que psychologique. Cette fois, on plongera dans l’univers culinaire dans une bataille féroce pour devenir le meilleur et plus excentrique chef.
Jeune cuisinière dans le petit restaurant de quartier familial, Aoy (Chutimon Chuengcharoensukying) va se faire démarcher par le recruteur de nulle autre que l’immense et mondialement connu chef Paul, un géni aussi fou que brillant, mais surtout une ordure humaine à la tyrannie sans aucune limite. Tel est le prix de la grandeur.
Il est amusant de constater tous les parallèles qu’on pourrait dresser entre ce film et Le Diable s’habille en Prada. Déjà, les deux sont sur une femme de basse catégorie sociale, qui se voit confrontée à un monde de la plus haute bourgeoisie, y gravi les échelons, gagne le respect de tous, y trouve un faux amour, puis fini par se rendre compte que derrière les strasses et les paillettes, ce qu’elle y a gagné est bien moindre face à tout ce qu’elle y a perdu. Mais là où le modèle américain oubliait de réellement traiter de son sujet (la mode), ici le film nous fait salement saliver avec un sens du spectacle culinaire impressionnant. Le must est bien sûr atteint avec la bataille au sommet et la pièce de viande colossale descendant des cieux. L’actrice principale est très douée, à la beauté singulière, tandis que le chef Paul est terrifiant dans son genre. En revanche, les plus de 2h2o sont pesantes, avec un ventre mou redondant reproduisant trop longtemps les mêmes ressors (brimades, tyrannie, employé viré, échec et persévérance). Le cadre thaïlandais est aussi pas mal lissé vu qu’une grande partie se déroule soit dans les cuisines high tech soit dans des villas archi luxueuses, empêchant cette spécificité culturelle de briller. Sympathique, excellente mise en scène, mais assez classique dans l’ensemble.