Les 4 Fantastiques : Premiers pas
2025
Matt Shakman
Après des phases IV et V soporifiques qui ont pratiquement tué la franchise la plus lucrative de tous les temps, le MCU devait revenir en forme pour sa phase VI, celle de tous les paris, de tous les extrêmes. Alors qu’en ce moment même sont entrain d’être tournés / finalisés les deux (voir trois selon certaines rumeurs) prochains Avengers prévus pour décembre 2026 et 2027 aux budgets pharaoniques (1,2 milliards), voici donc la première pierre de ce « nouvel » édifice, ayant la lourde tâche de faire oublier les trois précédentes adaptations toutes plus ratées les unes que les autres, même si personnellement la version de 2015 semblait avoir un vrai potentiel et les déclarations de son réalisateur affirmant que le studio a massacré son œuvre me semblent plausibles. Alors, peut-on finalement faire un bon film avec les fameux quatre héros ? Difficilement…
Exit l’univers de la Terre 616 à laquelle on est habitué, ce film se déroule dans une réalité alternative, dans un monde rétrofuturiste des années 60 où l’équipe des 4 Fantastiques – composée de Reed Richards (Pedro Pascal), Sue Storm (Vanessa Kirby), Johnny Storm (Joseph Quinn) et Ben (Ebon Moss-Bachrach) – sont les seuls protecteurs de la Terre. Un beau jour, la surfeurse d’argent (Julia Garner) va débarquer, annonçant ni plus ni moins que la fin des temps, l’arrivée de Galactus (Ralph Ineson), prêt à dévorer notre planète.
Rarement un film ne m’aura autant tiraillé entre son intérêt brut, son potentiel présent et son potentiel gâché. Honnête divertissement assez réussi dans l’ensemble, le film propose une réelle originalité bienvenue avec son style décalé, dans un autre univers permettant une bien plus grande liberté, tant au niveau créatif qu’au niveau scénaristique, avec à la clé à la fois le surfeur d’argent dans une version particulièrement réussie, et l’une des plus grandes menaces de tous les comics : Galactus, un des méchants les plus puissants et iconiques. Seulement voilà, la première demi-heure est tellement artificiellement raccordée et boursoufflée que les innombrables reshoots / remontages se voient à des kilomètres. On rappelle, le film est passé de 2h30 à 1h54 entre les projections tests et le résultat final, et ça se sent fort : personnages annexes totalement effacés, pas de backstory, héros creux et origin story balancée de façon grossière dans un spot TV. De fait, les fameux 4 fantastiques ne brillent pas du tout, comptant parmi les héros les plus oubliables de tout le catalogue, avec des acteurs – sauf Reed – manquant clairement de charisme. La fin aussi semble bâclée, ne préparant pas du tout la suite (ou si peu). Et bon sang, quel gâchis ! Galactus, menace cosmique censé faire la taille d’une planète, passe à un Godzilla un peu balourd, et ses pouvoirs ont presque totalement été effacés. Le plus grand nerf de tous les temps. Ca devient aussi une habitude, mais les FX n’ont clairement pas été finis : rares sont les plans vraiment beaux, alors qu’au contraire, entre les pouvoirs claqués, une torche humaine ratée et un bébé presque systématiquement cauchemardesque, les points noirs sont légions. Mais ne boudons pas non plus notre plaisir, l’ensemble reste efficace, avec de vrais enjeux et un style moins classique qu’à l’accoutumée. Reste néanmoins un début de phase VI très timide, loin d’être le sauveur qu’on nous vendait.