Les 4 Fantastiques

Les 4 Fantastiques
2015
Josh Trank

Malgré des résultats en salle convenables, les critiques néfastes et l’intérêt décroissant autour des personnages du comics ont mit fin à un premier diptyque autour de cet univers Marvel, mais qui appartient à la Fox. C’est d’ailleurs pour conserver lesdits droits que le studio a mit en chantier ce reboot, devant servir de base à une nouvelle saga dont la suite est déjà prévue pour 2017 (mais elle va probablement être annulée), et dont un cross-over avec les X-Men fut envisagé. Il fallait donc frapper fort, et le buzz autour du film marchait d’enfer. Le casting jeune et osé, de même que son réalisateur débutant, à qui l’on doit l’excellent Chronicle, inspiraient largement confiance, et quand les premiers visuels sont tombés l’excitation est encore montée d’un cran. Après l’honteuse version de 2005, le comics allait-il enfin avoir droit à une adaptation digne de ce nom ? C’est ce qu’on pouvait penser, mais les retours en salles sont finalement catastrophiques, les scores au box-office dégueulasses, et l’avenir de la franchise est déjà compromit. Beaucoup de choses ont été dites, comme un réalisateur évincé de son propre film, un studio qui a massacré le montage et refait des pans entiers pour combler les trous, des effets spéciaux bâclés et une 3D abandonnée pour tenir les délais, etc… Verdict ? Il y a effectivement eu sabotage.

Qui dit reboot dit nouvelle approche de l’histoire, mais même histoire quand même. Ainsi, Reed Richard (Miles Teller) deviendra bien Mr. Fantastique, l’homme élastique, Johnny Storm (Michael B. Jordan) la torche humaine, sa sœur adoptive Suzanne (Kate Mara) la femme invisible, Ben Grimm (Jamie Bell) la Chose, et ils affronteront une fois de plus le très vilain Victor von Doom, alias Fatalis. La différence viendra donc de comment les choses vont arriver, en l’occurrence via une autre dimension, puisqu’ici Reed Richard tente de percer le mystère du voyage trans-dimensionnel.

Les gens sont-ils devenus à ce point aussi cons ? C’est du moins ce que m’a fait penser la première partie du film, de vraiment très bonne qualité. Le casting n’est pas à la hauteur des attentes mais il est bien là, le réalisateur ne nous offre pas une claque aussi viscérale que lors de son premier film mais ça reste du bon travail avec un sens certain de la mise en scène, et l’origine story est à des années lumières au dessus de la précédente version. Exit le voyage spatial débile complètement incohérent et qui ne sert à rien, place à de la vraie science qui marche, amenée en douceur via le tandem Reed / Ben dont la jeunesse nous aide à rentrer directement dans le film. C’est clair, pointu, pas forcément réaliste mais néanmoins cohérent au sein de son propre univers, et on s’attache d’emblée aux personnages. Le démarrage est un peu lent, mais au moins c’est bien fait, l’ambiance est prenante, les personnages travaillés, la réalisation classe, et l’arrivée dans l’autre dimension a de la gueule. Mieux encore, l’obtention des pouvoirs est justifiée, imparable. Alors pourquoi un tel lynchage ? La réponse se trouve dans la seconde partie, tout de suite moins réjouissante.

Le réalisateur aurait claqué la porte à un mois de la fin du tournage, et ça se sent : le soin des débuts ne se retrouve plus du tout. On retrouve quelques bonnes idées sur les pouvoirs, notamment l’aspect horrifique qu’ils peuvent représenter, ou encore le changement d’identité que permet le pouvoir de Reed Richard, l’utilisation la plus intelligente de ses pouvoirs vue à ce jour, mais en dehors de ça c’est une énorme déception. Les problèmes de rythme se multiplient, la faute à d’innombrables discours ennuyeux et stupides, et les scènes d’actions sont toutes concentrées sur l’unique affrontement du film, et ça n’est pas très concluant. Troisième film à confirmer : deux des quatre fantastiques (la Chose et l’homme-élastique) ont des pouvoirs vraiment bidons, et en combat ça frise le ridicule. D’autant que si les décors sont irréprochables, les effets spéciaux ne sont en effet pas géniaux, voir presque médiocres en ce qui concerne la Torche et la Chose, ni esthétiques ni réalistes. Certains effets de lumières sont jolis, mais globalement la technique n’est pas au niveau. Le scénario, prometteur, ne tient pas non plus la longueur, sombrant dans une prévisibilité totale, et souffrant des rajouts du studio, écrivant ses dialogues avec les pieds. La scène de fin est une réelle souffrance. Donc oui, le potentiel était là à la base, mais les désaccords au sein de l’équipe ont ruiné le film, qui au final se montre tout juste meilleur que les deux précédentes daubes, et ce uniquement grâce au très bon prologue qui semble avoir était épargné par les nombreuses retouches.

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