Nowhere


Nowhere
2023
Albert Pintó

Héritier des films de survie à la Seul au monde, Gravity et autre Au Cœur de l’océan, cette production Netlfix va nous placer littéralement au milieu de nulle part, en pleine mer. On y suivra Nada, visiblement une jeune palestinienne (seul nationalité possible pour avoir en face du massacre de masse, il n’y a dans le monde actuel qu’Israël pour abattre femmes et enfants sans sommation comme dans le film), cherchant par tous les moyens de quitter son pays pour survivre. Elle sera malheureusement séparée de son mari dès la première étape de son exil, avant d’enchaîner les drames dans son périple, jusqu’à se retrouver seule dans un container dérivant au milieu de l’eau. Pire, elle est bientôt au terme de sa grossesse.

Si on regrette le manque de contexte du film (où se déroule l’action ? Pourquoi parlent-ils espagnol alors qu’aucun pays hispanique ne subit un tel massacre de masse ? Quel genre d’abonnement téléphonique passe si facilement les frontières, capte dans une cage de Faraday et même au milieu de l’océan ?), cassant un peu l’immersion par quelques soucis de crédibilité, et si on passe outre le fait que des dizaines de films ont déjà abordé le thème de la survie sur l’eau, le film est une vraie réussite. Entre chance et talent, l’héroïne fait preuve d’un grand sens de la débrouillardise et d’une motivation sans failles à défaut d’être d’une ingéniosité exemplaire. Si on fait abstraction de la grossesse, dans toute autre situation l’envie de se mettre une caisse avec tant d’alcool aurait primé sur bien d’autres priorités, mais difficile d’excuser la non réflexion à la Elizabeth Swann : avec tant d’alcool et de vêtements, un feu aurait à coup sûr permis d’attirer l’attention. Mais il faut avouer que bien d’autres idées m’ont agréablement surpris, et globalement tout sert parmi les produits randoms des caisses présentes dans le container. Entre rebondissements et nouvelles idées, le rythme est maîtrisé, et si la situation reste moins extrême que certains des exemples cités plus haut, la comparaison n’a rien de honteuse. Une bonne surprise en somme, qui ravira les amateurs du genre.

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Une seconde chance


Une seconde chance
2015
Michael Hoffman

Sans aller jusqu’à dire que j’ai une dent contre Nicholas Sparks, il faut bien dire que la plupart des adaptations de ses romans ne sont pas des plus remarquables, ou alors pour de mauvaises raisons, de choix douteux ou d’écriture parfois problématique. Eh bien ici on tient probablement le meilleur cas d’école du film – et donc du livre ? – le plus mal écrit de toute l’histoire de l’humanité, le genre de ratage si lamentable qu’il en devient un objet d’étude fascinant.

Ils se sont aimés, le destin les a séparé, pour mieux les faire se retrouver ? Non. Dans leur jeunesse, Amanda (Liana Liberato puis Michelle Monaghan) et Dawson (Luke Bracey puis James Marsden) ont vécu un grand amour, mais après 21 ans sans se voir, à vivre des vies chacun de leur côté, leur ange gardien de l’époque va à nouveau les réunir. Mais il ne faut jamais oublier que le destin est une petite salope sadique…

Allons-y gaiement sur les spoils, car de toutes façons disons les choses comme elles sont : le film est une merde infame, et il faut détailler les tenants et aboutissants pour comprendre à quel point le plantage est ahurissant. Déjà le principe de la « seconde chance » est toujours un peu une erreur, car voir des gens qui s’aiment ayant vécu des demies vies en attendant d’enfin se retrouver, c’est tout de même sacrément frustrant. Mais bon, que le père d’adoption vienne une nouvelle fois en aide à sa brebis galeuse à titre posthume par testament, donnant l’occasion à deux personnes de se retrouver et de revoir les lieux où s’est épanoui leur amour d’antan, c’est mignon. Mais déjà vient un sacré problème : justifier leur séparation de l’époque. On se doutait que le père violent allait revenir pour poser problème, mais que ce dernier tue le meilleur ami, que le fils écope de huit ans de prison à cause de celui qui a détruit son enfance, c’est quand même sacrément dégueulasse quand tout le développement du personnage était de réussir à se reconstruire malgré une famille toxique, et que cette toxicité mette littéralement une barrière entre lui et son bonheur, et que ce con va laisser filer l’amour de sa vie pour lui éviter de perdre quelques années à l’attendre. Mais pauvre con, elle aura passer 21 ans au final à attendre ! Et ce n’était là que le début…

Vient alors la reprise de leur histoire au présent, et là encore, tout ce qui est développé part dans le vent, n’a aucun sens ou développe du pathos minable qui n’a eu aucune évolution psychologique. Ils se retrouvent, ils s’aiment à nouveau, et enfin ils vont pouvoir vivre pleinement leur amour. Vraiment ? NON. Alors que Amanda a le courage de revendiquer son amour de jeunesse plus actuel que jamais face à un mari démissionnaire, entamant donc une procédure de séparation / divorce, que Dawson est lui aussi prêt à affronter ses démons en avouant sa charité à la veuve de son meilleur ami et en sauvant leur fils des griffes du gang de son père, tout va déraper. Le fils qu’aura eu Amanda avec sa vie par défaut sans Dawson, va avoir un accident à cinq minutes de la fin, nécessitant une greffe de cœur, et c’est Dawson qui le lui donnera. PARDON ???!!! Eh oui petite pute de vie, alors que tout le film a servi à développer une romance, que tous les parcours émotionnels et psychologiques des personnages ont servi à se libérer de leurs problèmes pour être enfin ensemble, le héros va mourir, abattu de surcroît par nulle autre que son père, le même qui avait pour enjeu personnel que d’obtenir vengeance pour cette ordure qui l’aura pourri jusqu’à littéralement la mort, l’empêchant de connaître le bonheur avec son grand amour. Tout ça pour une greffe dont l’enjeu n’est survenu qu’une seule scène plus tôt, une poignée de secondes avant. C’est ce qu’on appelle flinguer tout ce qui a été développé, réduire à néant toute progression dramatique et enjeux / évolution des protagonistes. Un sabordage historique, d’un degré de bêtise qui laisse sans voix. Ou plutôt si, l’envie de hurler au scandale, à la fraude intellectuelle, à l’arnaque artistique de mes douloureuses valseuses qu’on aura salement broyé. Monde de merde ! Film de merde ! Auteur de merde ! Le nihilisme à son paroxysme : rien ne sert à rien dans la vie, toute forme de but est illusoire. Une pure perte de temps, si honteux qu’on aura du mal à y croire.

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Une vie inachevée


Une vie inachevée
2006
Lasse Hallström

Vague souvenir que de ce film, découvert peu après sa sortie il y a pratiquement 20 ans, gardant à l’esprit un grand film, au casting incroyable, histoire touchante et décors somptueux de l’Amérique profonde. Quelle ne fut pas ma surprise en voulant écrire la critique du film, toujours aussi bon avec les années, qu’il fut largement assassiné par tous à l’époque, et se solda par un bide assez tonitruant au box-office (18 M$ dans le monde, le quart de ce qu’il aurait dû faire pour atteindre le rentabilité). Pourquoi un rejet si massif ?

Veuve depuis plus de 12 ans, Jean (Jennifer Lopez) avait refait sa vie avec un homme, mais violent, même avec sa fille, la poussant à fuir. Ne sachant vers qui se tourner, elle ira se cacher chez son ancien beau-père (Robert Redford), père de son premier mari avec qui elle a eu sa fille. Ce dernier, vivant en ermite avec pour seul compagnie son vieil ami et voisin infirme (Morgan Freeman), ne va pas voir son arrivée d’un bon œil, la tenant responsable de la mort de son fils.

Effectivement, si on doit bien reprocher au film quelque chose, c’est qu’il ne raconte à première vue pas grand chose. « Juste » une femme battue devant, par la force des choses, renouer avec un passé qu’elle a fuit. Pas de vraie ligne directrice, d’intrigue principale, mais des personnages forts, tous avec des blessures, et qui devront apprendre à les surmonter. Des destins brisés, se reconstruisant ensemble. Ce n’est peut-être ni original ni très joyeux, mais c’est du mélo prenant, aux personnages attachants et bien écrits. Les décors ruraux font la part belle aux grands paysages majestueux, donnant une esthétique western moderne très réussie. Une belle sincérité et authenticité se dégage de l’ensemble, et si certains pourraient trouver qu’il ne se passe « pas grand chose », c’est faire l’impasse sur la construction narrative des protagonistes, qui justifient à eux seuls le film. Une belle fable de l’homme et l’ours, métaphore de la nature, de l’homme, du sens de la vie. Pas à chier une pendule : les gens sont cons, le film est beau.

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Man on Fire


Man on Fire
2004
Tony Scott

Considéré comme un classique du genre, le film ne m’avait pourtant laissé aucun souvenir à l’époque, mais les goûts peuvent changer avec le temps, bien que ce soit plutôt dans l’autre sens (j’ai beaucoup plus d’exemples de films que je ne sais plus apprécier avec l’âge que d’autres que j’ai appris à aimer avec le temps). Et malheureusement, qui dit classique dit moult inspirations et héritiers, dont la plupart ont ringardisé et éclipsé le modèle.

Alcoolique dépressif, Creasy (Denzel Washington) sera invité par son ancien camarade d’armée (Christopher Walken) à Mexico où un couple de bourgeois (incluant Radha Mitchell) souhaite faire appel à un homme compétent pour assurer la sécurité de leur fille (Dakota Fanning). Après quelques mois de tranquillité à retrouver goût à la vie et à s’attacher à la petite, cette dernière sera justement ciblée par des kidnappeurs, mais face à la complicité de ripoux et un trop grand nombre de ravisseurs, Creasy va échouer dans sa mission. Se réveillant quelques jours plus tard suite à ses blessures lors de l’agression, il va découvrir horrifié que l’échange de rançon s’est mal passé et la petite a été tuée. Il n’aura alors plus qu’une idée en tête : déchaîner toute sa rage, torturer et massacrer chaque personne un tant soit peu responsable de la tragédie.

Le film est des plus mal équilibré. Le début est assez laborieux, voir ennuyeux en dehors de l’amitié naissante entre l’ancien soldat ravagé et la jeune fille pétillante. Il faudra pratiquement une heure entière pour que le « man » devienne « on fire », mais le film n’a alors plus aucun but. La vengeance ? A quoi bon si la fille est déjà morte ? Bien que la maladresse de la mise en scène qui passe sous silence ses enjeux les plus importants ne laisse que peu de place au doute, à moins d’une écriture vraiment lamentable. Alors oui, comme le film a prit beaucoup de temps pour instaurer l’attachement de Creasy et la fille, ses motivations sont légitimes, et on prend un certain plaisir à voir un homme dévasté qui n’a plus rien à perdre se lancer à corps perdu dans une chasse à l’homme expiatrice. Le film n’hésite pas à montrer une grande violence, mais impossible de ne pas penser à Taken tout du long tant la comparaison fait mal : 1h30 archi condensées, une bouffée d’adrénaline maximale avec une générosité sans pareille sur l’action, la tension, avec un but, pas une simple vengeance étalée sur pratiquement 2h30. Et pour ce qui est de l’horreur de Mexico, on a vu tellement pire dans Sound of Freedom que du simple kidnapping, avec tout juste quelques à côté mentionnés, qu’on aura du mal à sentir l’urgence de détruire le système. Il est d’ailleurs comique que de constater un remerciement à la ville de Mexico tant l’image qui en est faite dans ce film et dans le paysage cinématographique en général nous ramène inlassablement au trafic d’argent, de drogue, de personnes, avec toujours une misère omniprésente et des forces de l’ordre pourries jusqu’à la moëlle. Amusant également que le film ait choisi ce lieu plutôt que l’Italie – comme c’était le cas dans le roman d’origine – pour des raisons « d’originalité » tant avec le temps c’est devenu un cliché plus répandu encore.

Même en admettant que le film ait été un précurseur dans le genre, et en essayant de faire abstraction de tous ceux qui l’ont allégrement surpassé par la suite, le bilan reste très mitigé. Une introduction bien trop longue, des enjeux vite balayés, une vengeance dénuée de tout enjeu, pesant sur une écriture qui ne pouvait être que mauvaise (prévisible ou atroce). Quelques effets de réalisation sympathiques, une violence assez décomplexée et une forme de satisfaction de justice, mais ça reste un peu trop léger. Une histoire plate, trop de soucis de rythme et surtout une écriture problématique. Même avec toute la meilleure volonté du monde, c’est juste mauvais.

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Spenser Confidential


Spenser Confidential
2020
Peter Berg

Après de très fructueuses collaborations avec son acteur fétiche, qu’il retrouve une fois de plus évidemment, Peter Berg revient à sa spécialité : le grand spectacle, lui qui avait accouché du beau bordel aussi jouissif que récréatif Battleship. Cette fois il met à profit son savoir-faire pour le compte de Netflix, qui pour une fois rehausse sensiblement le niveau.

Trop c’est trop. Entre une affaire sur laquelle il bossait dur étouffée et une femme maltraitée, un beau jour Spenser (Mark Wahlberg) va décider de refaire le portait à son connard de patron, quand bien même il est un réputé chef de police. Un craquage qui lui vaudra ni plus ni moins que cinq ans de prison, et ce temps n’a visiblement pas du tout permis à la police de Boston de se remettre en question. Plus pourri que jamais, son ancien patron sera retrouvé mort, la tête tranchée, avec un autre ancien collègue s’étant apparemment « suicidé » la même nuit. Pas le temps de jouir de sa liberté retrouvée, son instinct d’inspecteur va prendre le dessus.

Je dois avouer que le film m’a surpris à plus d’un point, en bien. J’ai d’abord cru à un film tiré d’une série, ou d’une adaptation d’une saga littéraire tant le film possède un vrai univers avec des personnages intéressants, bien écrits, et avec un vraie richesse de fond omniprésente. Ca fourmille de détails de partout, tout est intéressant, développé et utile. Rien de fou ou tellement original, mais dans une aire de consommation et blockbusters décérébrés, voir une réelle écriture réfléchie et aboutie, c’est rare. Un mélange d’actionner ultra généreux des années 80 avec de l’enquête un peu à la Die Hard, où le héros est plus dans la réaction que la réflexion, ayant toujours deux trains de retard sur tout le monde, sorte de looser magnifique mais qui aura à la fois de la chance et un talent certain pour s’entourer de gens non moins chanceux mais surtout bien plus débrouillards. On pense notamment au personnage incarné par le colosse Winston Duke, sidekick aussi attachant qu’amusant, avec un style d’humour moins frontal que Spenser, donnant une belle variété de ton. Le rythme pâtit parfois un peu de la surabondance d’informations et dans les faits, hormis son axe du bon samaritain quelque peu débile compensant son cerveau par ses muscles qui a quelques idées novatrices, l’ensemble reste très classique. Mais je noterais en plus la fin, assez brillante dans le genre, sorte de parfaite synthèse de finesse d’écriture et d’efficacité comique. Une bien belle surprise donc.

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L’Amour en touriste


L’Amour en touriste
2023
Steven K. Tsuchida

Le cinéma vietnamien n’étant pas très développé, se rapatriant surtout sur le cinéma chinois, coréen ou américain, il donc très rare de voir autre chose qu’un énième film sur la guerre qui les a opposé aux USA de 1955 à 1975. Ayant moi-même fait du tourisme là bas et étant de surcroit marié avec une vietnamienne, le sujet ne pouvait que m’intéresser, l’occasion de revoir certains lieux qui avaient jalonné mon voyage.

On suivra une certaine Amanda (Rachael Leigh Cook), une américaine tout juste séparée de son conjoint, partant au Vietnam pour étudier l’éventualité du rachat d’une société de tourisme de Hô Chi Minh, dirigée par Sinh (Scott Ly), un homme passionné qui va bouleverser sa vie.

Il faut tout d’abord saluer la démarche que de mettre en avant un pays qui se limite quasi exclusivement à ses heures les plus sombres dans le paysage cinématographique, d’autant qu’on voit bien que tout a été filmé là où l’action est censée se dérouler. On reconnaît bien les endroits visités, et avec un point de départ à la capitale où je n’en ai vu que l’aéroport, je ne pensais pas que le suite allait m’amener sur les exacts mêmes sites touristiques, que ce soit Mỹ Sơn, Huế ou Da Nang, avec en prime quelques paysages du Nord qu’il me tarde de découvrir un jour. Seulement déjà deux points noirs sont à déplorer : le mensonge – par omission ou malhonnêteté – de la distance et la fréquentation. Dans le film, le voyage Hô Chi Minh – Da Nang semble être l’affaire de quelques heures, alors qu’en l’absence d’autoroute, le trajet prend en réalité une vingtaine d’heures, et dans le même ordre d’idée, il est préféré d’aller à Mỹ Sơn plutôt qu’aux Mains d’or pour cause de 3h de queue, alors même que c’est pratiquement le temps de route pour y aller depuis Da Nang. Pour ce qui est de la fréquentation, même hors saison les rues du quartier historique de Hội An sont constamment blindées, alors que dans le film les rues sont bien tranquilles, ce qui rajoute à l’effet carte postale un côté un peu mensonger.

Pour en revenir au film en lui-même, c’est assez pauvre : une banale romance archi classique et prévisible, rien de très passionnant. Que ce soit pour le scénario ou le côté touristique, tout est attendu, basique. On va dans les lieux les plus communs, connus, la mise en scène est tout juste passable, incapable de réellement mettre en valeur les paysages ou monuments, eh puis surtout le film est à l’image des voyages organisés : un grotesque marathon où l’on visite à la fois tout et rien. On passe rapidement d’un point A à un point B, avec plus de trajets que de temps sur place, ne montrant donc que le strict minimum, comme si on limitait Paris à la Tour Eiffel et que l’on faisait ça pour une dizaine de villes survolées. La culture culinaire n’est pratiquement pas évoquée, aucune pagode, rien sur l’histoire du pays, la faute à une introduction poussive et une romance à la fois expédiée et prenant trop de place. Expédiée pour son développement, mais étirée pour l’éveil des sentiments. Une romance ennuyeuse, mais qui aurait pu avoir plus de potentiel si le Sinh faisait moins métissé et plus local et que l’écriture soit moins classique, et le côté carte postal était gageur et reste dans les faits agréable, mais s’avère tout de même trop superficiel.

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Sous la Seine


Sous la Seine
2024
Xavier Gens

Alors que j’attendais fébrilement la nouvelle adaptation de Silent Hill qui doit sortir dans quelques mois, j’étais surpris de voir son réalisateur avoir un autre projet d’envergure débarquant aussi cette année, mais non. Presque même nom, même métier, même nationalité, mais clairement pas même carrière, et mes attentes étaient donc sacrément faussées.

Imaginez la dinguerie si un requin super énervé se mettait à attaquer tout le monde, genre en pleine Seine à Paris avec en plus une épreuve des JO prévue dedans ? Dingue ! Pas plus.

On aura rarement vu un scénario assumer autant son statut de série B, parodie totalement nanardesque des Dents de la mer, qu’il faudra que je revois un jour à force. On a une militante écolo embourgeoisée (Bérénice Bejo) dont l’équipe se fera décimer par un requin très méchant, qui va prêter main forte trois ans plus tard à la police (Nassim Lyes) pour éviter que Valérie Précesse Anne Marivin (j’ai cru qu’ils allaient même nous faire le coup du « vous m’avez manqué ») ne voit ses JO transformés en bain de sang. Des protagonistes déjà bien cons, mais des génies absolus face à la vraie menace du film : les lesbiennes écolos au cerveau atrophié. C’est du caviar en barre tellement on dirait un vieux réac à qui Netflix a imposé sa grille habituelle de minorités à mettre en avant, et qu’il les a choisit pour en faire des abrutis ambulants au discours aussi stupide que leurs actions seront néfastes. Et c’est magique tant le film semble se saborder lui-même, à l’image des effets spéciaux, tantôt bluffant pour une production française, tantôt si cartoonesques et criards que c’en est comique. Et mon dieu, la fin ! Il fallait oser, et le foutage de gueule est presque aussi abject que ce qu’il est drôle d’imaginer des scientifiques se défenestrer face à une bêtise si purulente. Premier degré, le film est un étron écrit à la truelle, mais en le voyant comme du travail de sagouin expressément torpillé, c’est juste brillant. Donc oui, on peut donc faire exprès et réussir l’épreuve du nanar.

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Atlas


Atlas
2024
Brad Peyton

De gros méchas bien badass et une menace bien d’actualité : l’IA. De quoi espérer un grand spectacle avec un fond de réflexion bienvenu, mais avec Netflix il faut savoir raison garder tant leur propension à pondre du divertissement un peu vide est une plus qu’une habitude, c’est presque leur marque de fabrique. Et effectivement, ça ne ratera pas.

Dans un futur relativement proche, une IA nommée Harlan (Simu Liu) va devenir incontrôlable, décidant d’anéantir une partie de l’humanité puis d’en asservir l’autre pour la protéger d’elle-même. Faute de pouvoir mener son projet à bien d’emblée, il va fuir vers une planète inconnue. 28 ans plus tard, le général Boothe (Mark Strong) va réussir à localiser cette dite planète pour y lancer une offensive et mettre fin à la menace Harlan. Fille de la scientifique qui avait créé l’IA, Atlas (Jennifer Lopez) va également embarquer dans le projet, voulant plus que quiconque mettre fin à ses agissements.

A peine le film démarre qu’il y aurait tant à dire. Encore une histoire d’IA folle qui contourne les lois de la robotique sur « protéger l’humanité » en « protéger cette dernière d’elle-même ». Admettons, d’autant que l’idée de prendre Simu Liu comme méchant faisait sens tant il a fait énormément de mal au MCU avec son Shang-Chi de merde, mais malheureusement son charisme et son jeu d’acteur seront toujours dans le négatif. Ensuite, le « 28 ans plus tard » qui fait bien rire tant JLO se rajeuni de carrément 16 ans, alors qu’en plus le début n’arrête pas de dire qu’elle est vieille, ce qui du coup n’a pas de sens. Eh puis merde, autant être fière d’être encore si belle à plus de 50 ans ! Dans le même ordre de connerie, tout le principe de cet univers est que l’IA est devenue une menace, sans que l’on sache pourquoi elle a dérapé, mais on continue de se servir d’autres IA. Vraiment ?! Pour ce qui est des méchas, c’est peu original, et il faut aussi parler du souci des effets spéciaux. Déjà sans âme et semblant sortir tout droit d’une IA, décidément, ces derniers semblent rushés, comme s’il manquait une couche de modélisation : une texture pas crédible, pas de particules, pas de lumière photo réaliste et encore moins de réflexion cohérente de cette dernière. Sans dire que c’est moche, c’est impersonnel et pas fini.

Plus encore, c’est toute la réflexion autour du concept qui pose problème. Autant dans Westworld (analyse et critique à venir des quatre saisons d’ici peu) on peut comprendre d’une certaine mesure que les robots aient été pensés comme des individus et qu’ils ont appris à s’identifier comme tel, autant dans la globalité de la réflexion d’IA autonome au sens population, le consensus Geth de Mass Effect est un aboutissement obligatoire. Pourquoi conserver des individualités quand la logique voudrait un partage des connaissances pour une entité partagée ? Il est évident que le principe même d’unité perdrait très vite en sens : pas d’individu, nous sommes légion. Mais bien sûr, le film est très loin de se genre de réflexion, il n’en a certainement pas la prétention. D’ailleurs, il est très douloureux de comparer le film au traitement dans Andromeda, les deux ayant au cœur de leur récit la coopération homme / IA, le meilleur des deux mondes, mais ici rien de très novateur, juste une aide militaire surtout, là où le mal aimé spin-off avait des fulgurances extraordinaires, que ce soit pour le conseil, la diplomatie ou la communication, en permettant d’avoir un traducteur intégré directement dans son cerveau. On gardera néanmoins à l’esprit que la comparaison est évidemment injuste : même en faisant abstraction des missions secondaires, le scénario d’Andromeda se bouclant en difficilement moins de 40 heures, soit 20 fois plus que le film, ce qui permet de développer des histoires assurément plus abouties et profondes.

Quand le sujet a un tel potentiel, il est donc difficilement pardonnable de voir un traitement si superficiel, mais même en prenant une approche purement décérébrée de divertissement brut, le résultat reste très mitigé. Visuellement pas dingue, le film est aussi avare en action, se perdant inlassablement dans de l’exposition pas très fine, et quand enfin ça se fout sur la gueule, c’est assez mou et mal filmé. C’est bien simple, je n’ai pratiquement pas pensé une seconde au film en le regardant, me passant complétement au dessus tant chaque situation ou inspiration graphique (la trilogie Mass Effect, Andromeda ou encore Edge of Tomorrow) sont très très largement en sa défaveur. Pas honteux, juste fait à l’arrache et totalement écrasé par le poids de ses illustres modèles.

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Un Choix


Un Choix
2016
Ross Katz

Sur les dix dernières années, les comédies romantiques ont connu une sacrée traversée du désert, et il est loin le temps où les adaptations de Nicholas Sparks dépassaient les 100 M$ dans le monde, avec comme point de chute cet énorme plantage qui n’en rapporta pas le quart, et fut d’ailleurs annulé de par chez nous. Il aura fallut attendre plus de cinq ans, en septembre 2021, pour que Netflix rachète le film et le distribue en France, c’est dire. Et en même temps…

Bourgeoisie, vacances et infidélités. Travis (Benjamin Walker) est un beau parleur, draguant tout ce qui bouge dans son havre de paix, flânant sur son bateau avec ses amis et sa sœur (Maggie Grace), se prélassant sur son bain de soleil, profitant de la vie entre deux rendez-vous dans le cabinet de vétérinaire de son père (Tom Wilkinson) dont il prend la relève. Bien que son ex (Alexandra Daddario) fut de passage, ses yeux ne seront rivés que sur sa nouvelle voisine, Gabby (Teresa Palmer), une étudiante en médecine dont les parents lui ont offert une petite maison sur le côte pour réviser tranquillement. Seulement voilà, elle est censée être en couple avec le médecin du coin (Tom Welling), chose qu’elle sera bien prompt à oublier.

Difficile de se sentir impliqué dans une histoire où les protagonistes n’ont à ce point aucun problème : métier / futur métier de renom et au salaire colossal, famille riche, cadre de vie idyllique et visiblement tout le temps du monde pour en profiter. Pire, l’amour n’est pas non plus un problème tant ils étaient déjà convoités, voir en couple. Mais à l’image de la salope fille, on aura également tendance à l’oublier tant leur alchimie est palpable, seulement la différence est énorme entre mettre de côté une ex qu’on revoyait vite fait, et tromper son copain à la seconde où il part quelques semaines pour le travail. Pire, son comportement face au « choix » sera celui d’une princesse pourrie gâtée absolument dégueulasse. Autant on peut un minimum se montrer empathique face au pauvre con qui tombe amoureux de la bimbo incendiaire d’à côté au sourire ravageur, autant elle ne mérite jamais tant d’égards, devenant de plus en plus insupportable à mesure que le masque tombe. De fait, le dernier tiers nous lâche totalement tant on ne croit plus ni aux personnages ni à leur amour, et le retournement pour relancer « l’intérêt » n’est qu’une rallonge artificielle de drama mal amené et sans le moindre suspens. On aurait pu dire qu’au moins l’histoire était une parenthèse ensoleillée dépaysante et mignonne (si on fait abstraction de l’infidélité immonde), bien que dans le genre Amour et Amnésie soit des années lumières au dessus, mais tout le dernier acte est une rallonge encombrante qui amenuise un intérêt déjà faible.

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Je m’appelle Loh Kiwan


Je m’appelle Loh Kiwan
2024
Hee-Jin Kim

Après la misère au Liban avec Capharnaüm, place à celle de la Belgique. Oui oui, le pays de la frite. C’est bien dans le pays francophone que ce film coréen Netflix a choisi de placer son intrigue, où quand l’immigration n’est plus une solution, mais le problème.

Coulant des jours paisibles en Corée du Nord, Loh Kiwan (Joong-ki Song) va vouloir rejoindre sa mère en Chine, mais sera pour ce fait recherché des autorités, et sa connerie entraînera la mort de sa mère et son envie de fuir, en l’occurrence en Belgique grâce à un passeur. Néanmoins, face à un service d’immigration intransigeant et la barrière de langue, ne parlant rien d’autre que le chinois hormis son coréen natal, sa situation va devenir des plus précaires, l’obligeant à vivre dans la rue avec le rude froid de l’hiver.

Les bases du film sont au mieux bancales : il n’est absolument jamais expliqué – hormis retrouver sa mère – pourquoi le personnage principal a quitté son pays. De plus, l’homme est recherché à la fois par les autorités coréenne et celles chinoises, risquant dans les deux cas la peine de mort, et il semble que les responsables immigrationnistes n’en ont rien a carrer. Bigre que c’est le jour et la nuit avec la France, con de passeur ! Eh puis merde, autant cibler un pays avec plus de population susceptible de parler l’une de ses deux langues asiatiques, que le choix de la Belgique est stupide !

Passer cette approche laborieuse, on découvre un héros assez peu sympathique, la faute à une propension à la connerie phénoménale et une absence de jugeotte ahurissante. Quand on est con… Reste une seconde partie plus intéressante, avec une vie clandestine mais en travaillant vraiment, en cherchant à s’en sortir et à recréer des liens sociaux, une vie en somme. L’amourette aurait être mignonne également, si ça n’apportait pas un point encore plus noir au tableau : une lourdeur infame. Tout ce qui entoure sa copine, hormis la mort de la mère, tourne autour de malfrats, de la drogue et de jeux clandestins. Ca n’apporte absolument rien à l’intrigue, ça casse continuellement le rythme et ajoute du drama là où celui de la désillusion d’une vie meilleur post-immigration était un sujet en or. Et le film en devient bien trop long, avec des baisses de tension régulières. Dommage, l’approche est sabordée de toutes parts, et le résultat est au mieux laborieux, mais bien souvent détestable.

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