The Man From Earth

The Man From Earth
2007
Richard Schenkman

Ah, l’immortalité ! Douce chimère qui nous fait rêver, nous pauvre humains condamnés à appréhender le trépas. Nous pouvons nous gargariser de grappiller quelques années d’espérance de vie à chaque génération, mais nos passages sur cette Terre restent si insignifiants à l’échelle de l’histoire… Nos scientifiques travaillent inlassablement à stopper ce fléau qu’est la vieillesse, mais la division cellulaire ayant pour date d’expiration notre richesse d’ADN, l’éternité semble irrémédiablement hors de portée. Mais si il existait un homme parmi les hommes, choisit par une force au delà de notre compréhension, si quelqu’un possédait la multiplication cellulaire, un insensible aux outrages du temps, combien de temps aurait-il pu survivre dans ce monde si dangereux ?

Alors qu’une assemblée pensait saluer un cher collègue les quittant après dix années passées à leurs côtés à enseigner à l’université, leur hôte sur le départ leur proposa un sujet de conversation pour le moins peu commun : « et si un homme avait 14 000 ans ? ». Une idée assez ridicule pour beaucoup, mais certains jouèrent le jeu, tentant d’établir une logique. Puis soudain ce fut le choc : il leur avoua qu’il est lui même âgé de 14 000 ans. Entre incrédulité et amusement, l’assistance va tenter de mettre à mal son histoire, en vain. Un canular finement monté ? La révélation la plus phénoménale du monde ? Pour beaucoup leurs visions des choses s’en retrouvera à jamais bouleversée.

Le mythe de l’homme immortel ne date pas d’hier : les histoires de vampires et autres créatures démoniaques ont, à leur propre image, traversé les âges. Mais de temps à autre, certaines plus solides font l’effet d’une bombe, comme le conte de St Germain (fin XVII° – 1784) probablement décédé à 93 ans (bien que sa naissance n’est jamais été établie, certains parlant de l’antiquité) mais dont le visage restait imperméable aux aléas de la vieillesse et dont seul un proche ami fut témoin de sa mort. Autre fait troublant, d’illustres personnalités historiques auraient croisé son chemin au cours des siècles suivants. Dans ce huis clos au coin du feu, le récit aventureux de cet homme de Cro-Magnon est encore plus bluffant, ayant connu les Sumériens, l’ancien peuple d’Egypte, ayant rencontré Bouddha, propagé sa bonne parole, voyagé avec Christophe Colon la peur au ventre (par rapport au mythe de la Terre plate) et connu mile tourments au cours d’une longue vie racontée humblement. Il aurait fallut des dizaines et des dizaines d’heures de débat, de narration pour écumer le sujet de bout en bout, mais en l’état on ne peux que s’incliner face à ce modèle d’efficacité et de tension. On est happé, fasciné, transcendé par ce récit incroyable qui se trouve au passage un orateur de très grande qualité, il est vrai tout aussi bien accompagné tant ses convives agrémentent l’histoire par des remarques constructives et intelligentes. Un voyage inouï qui, porté par une ambiance surréaliste et un scénario d’une rare précision, aboutit à un chef d’œuvre inoubliable.

Ce contenu a été publié dans Cinéma, Critiques. Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *