Parlez-moi de vous
2012
Pierre Pinaud
Le film nous raconte un tournant dans la vie d’une animatrice radio populaire et mystérieuse répondant au pseudo de Mélina, Claire (Karin Viard), affichant une assurance sans bornes dans son émission « parlez-moi de vous » où elle tente d’aider les auditeurs dans leurs malheurs, mais en dehors des stations le bilan est tout autre. Maniaquo-dépressive, elle a bâtit sa vie seule, sans hommes ni famille. Gardant précieusement une lettre de sa mère disant qu’elle finirait pas venir la chercher, elle a attendu toute son enfance dans une école religieuse pour orphelines, en vain. Des années plus tard, alors âgée de 45 ans, elle obtient enfin gain de cause et connaît désormais le nom et l’adresse de sa mère. En visite dans son village, par un concours de circonstances, elle va se retrouver invitée à l’anniversaire de son neveu par alliance (Nicolas Duvauchelle), l’occasion de découvrir la vraie famille de celle qui aurait dû être sa mère.
A force de la voir moche dans la plupart de ses films à cause de coupes de cheveux pas très féminines, on ne pensait pas tellement pouvoir se retrouver charmé par Karin Viard, d’autant que bon nombre de ses rôles passés étaient ou antipathiques ou pathétiques. Eh bien belle surprise que voici, malgré la cinquantaine proche, l’actrice est plus belle que jamais, affichant une mine radieuse, un sourire charmeur et une fragilité attendrissante. Mais seulement voilà, ce genre de femme ne s’appâte pas à la bourrin : une personne brisée ne se reprend pas en main à grand coup d’assurance et de déclarations audacieuses. Seule une autre âme brisée peut en secourir une autre, c’est un principe de vie. On voudrait croire à son histoire avec le jeune minot, le soutenir tant elle brille et qu’elle mériterait l’amour, mais sa carrure de protecteur la fait s’effacer d’autant plus. Un comble pour une chroniqueuse radio. On notera d’ailleurs, même si cet aspect est secondaire comparé à sa quête d’identité, une platitude sévère concernant ses conseils radiophoniques : une avalanche d’évidences et de clichés. On est loin du piquant d’un Radiostars, même si l’importance du cadre est moindre. On se concentre sur un drame humain intéressant, notamment de par la justesse de son héroïne, mais la fin nous restera en travers de la gorge, n’étant pas exactement une ode à l’espoir. Un principe qui marche bien donc, reposant sur une psychologie assez poussée, même si le fond est autrement plus classique.